La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré mardi 5 mars sur France Info avoir « commandé une enquête » à ses services au sujet de la cigarette électronique. Une déclaration qui relance le débat sur l’éventuelle nocivité de tels substituts.
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La « e-cigarette », sans odeur ni feu, s’est imposée auprès d’un nombre grandissant de fumeurs comme alternative moins ruineuse et nocive que le tabac. Cependant, un doute persiste sur sa nocivité. « J’ai demandé à mes services de me dire très précisément de quel type de produit il s’agit : est-ce qu’on peut considérer que c’est un produit de grande consommation ? Est-ce que c’est un dispositif médical ? D’autre part, il nous faut faire une évaluation bénéfice-risque de ce dispositif qui pose un certain nombre de questions », a déclaré la ministre de la Santé, Marisol Touraine sur France info.
Une enquête d’autant plus urgente que la vente de ces « vapoteuses » est en pleine expansion : près d’un demi-million de Français utiliseraient une cigarette électronique pour arrêter de fumer. Or, en mai 2011, l’Afssaps, l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé, avait recommandé de « ne pas consommer » de cigarettes électroniques. Aujourd’hui, c’est la ministre de la Santé qui recommande la « prudence ». Alors qu’en est-il ? La e-cigarette serait-elle dangereuse ?
Quels risques ?
L’impact sur la santé est la grande inconnue de cette nouvelle consommation. « La cigarette électronique n’est pas une méthode encore validée de l’arrêt du tabac et aucune étude rigoureuse avalisée par des spécialistes n’a été effectuée sur elle », expliquait en janvier le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière et président de l’Office français de prévention du tabagisme. « Le ministère de la Santé nous a demandé un rapport dont nous rendrons les conclusions probablement en juin. Pour le moment, nous recommandons de privilégier les méthodes de sevrage qui ont fait leurs preuves. »
En septembre, des chercheurs de l’université d’Athènes expliquaient que les cigarettes électroniques étaient nocives pour la santé. Selon eux, la cigarette électronique limiterait la pénétration d’air dans les poumons, ce qui pourrait s’avérer dangereux pour les asthmatiques. En attendant d’en savoir davantage, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) en a interdit la vente en pharmacie.
Comment expliquer son succès ?
Pour Allison, vendeuse dans une boutique spécialisée dans le XVIIe, la cigarette électronique a beaucoup d’avantages : elle évite les effets nocifs du tabac sur la santé et les sensations désagréables de la cigarette comme les picotements dans la gorge et permet de ne plus imposer un tabagisme passif aux enfants. « 60% des utilisateurs de la cigarette électronique souhaitent arrêter de fumer, les autres cherchent davantage un substitut », explique-t-elle.
La plupart du temps, les boutiques proposent aux utilisateurs une sorte de programme sur un mois et demi : 15 jours avec une recharge contenant 10mg de nicotine, 15 jours à 6 mg et 15 derniers jours sans nicotine. À la fin de ce programme, le sevrage est tout à fait envisageable. Or selon une étude commandée par le comité départemental des maladies respiratoires de Dordogne et réalisée sur un petit échantillon de 100 personnes, deux fumeurs sur trois qui se mettent à la cigarette électronique diminueraient leur consommation de vraies cigarettes.
Un gros buisness
Le Parisien distingue trois raisons qui expliqueraient le succès de la cigarette electronique : une sensation identique, des prix attractifs (4 fois moins cher que la cigarette classique), plus de liberté, le e-fumeur pouvant « vapoter » où il veut, que ce soit sur son lieu de travail ou au cinéma.
Illustration de ce succès : en 2012, Clopinette, le leader du marché, a réalisé un chiffre d’affaires de trois millions d’euros et prévoit de le multiplier par quatre cette année. « Sur un an, nous avons vendus plus de 100 000 coffrets et le double de flacons », a expliqué à l’AFP Karin Warin, co-fondatrice de la marque. Et, « dès qu’il y a une hausse du prix des cigarettes classiques, les clients affluent en boutique. Je passe de 60 clients journaliers à 100 », témoigne pour sa part Xavier Croux, gérant d’une boutique Clopinette dans le 15e arrondissement de Paris, pour l’Expansion. Une véritable phénomène de mode…