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François le «pape des pauvres»: des papes de riches avant lui?

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« Je voudrais une Eglise pauvre, pour les pauvres, » a affirmé le pape François devant plus de 5000 journalistes du monde entier, samedi 16 mars, au Vatican.

Les vaticanistes actifs pour faire de François un pauvre

Depuis qu’il a été élu, le successeur de Benoît XVI a multiplié les effets d’annonce pour faire de son pontificat celui de la pauvreté. En commençant par le choix de son nom, François, en référence à Saint François d’Assise, ce riche Italien qui a tout quitté pour consacrer sa vie aux plus miséreux.

En témoignant ensuite de sa simplicité de vie. Le pape François n’a pas hésité à la fin de la messe dominicale du 17 mars, qu’il a célébrée dans la paroisse Sainte Anne au Vatican, à saluer tous les paroissiens après sa bénédiction.

Mais c’est avant tout les bruits de couloirs qui ont fait du pape François, avant même qu’il ne prononce ses premières paroles, le pape des pauvres. Alors que son nom était à peine prononcé par le cardinal protodiacre, sur la loggia de la basilique Saint Pierre, au soir de l’élection du nouveau pape, tous les experts et vaticanistes de France décrivaient déjà l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergolgio, comme un cardinal à la vie ascétique, qui prend le bus pour se déplacer dans la capitale argentine, et qui n’hésite pas à dormir dans un bidonville pour soutenir un prêtre menacé par des narcotrafiquants.

Les 265 papes précédents étaient-ils des papes de riches ?

François, le pape des pauvres. Le Vatican ne s’en cache pas, celui qui vivra dans les somptueux appartements papaux réservés à l’évêque de Rome ne se pliera certainement pas à tous les usages qu’ont suivis habituellement ses prédécesseurs.

Une stratégie de communication est déjà bien rôdée et il semblerait que le nouveau pape François soit déterminé à entrer dans l’histoire en tant que « pape des pauvres ».

Depuis quelques jours, l’idée a fait son chemin jusqu’à en éclipser les 265 précédents papes qui en sont presque devenus, implicitement, les papes des riches.

Mère Theresa, la grande amie de Jean-Paul II

Pourtant, la pauvreté n’est, semble-t-il, pas l’apanage du pape François bien que ces grandes qualités d’humilité soient largement reconnues. Qualités qui l’ont notamment poussé, le 13 mars au soir, à demander la bénédiction préalable du peuple réuni place Saint Pierre avant d’arborer l’étole rouge, privilège des papes élus.

De nombreux papes se sont déjà fait remarquer pour leur grande humilité qui les rendaient particulièrement sensibles à la misère humaine.

Sans remonter très loin dans l’histoire, Jean-Paul II s’est souvent distingué par une grande compassion. S’approchant souvent des malades et des handicapés lors de grands rassemblements, une photo de lui, une petite fille atteinte du Sida dans les bras, a fait plusieurs fois le tour du monde.

Jean-Paul II en simple pèlerin à Lourdes

Jean-Paul II est, durant sa vie, resté très proche de Mère Theresa, et lui a rendu visite à plusieurs reprises dans les bidonvilles d’Inde. Ce premier pape médiatique a définitivement mis l’humilité et la pauvreté au cœur de son pontificat et, au terme de sa vie, avait choisi d’achever son pontificat par un dernier pèlerinage sur Terre en se rendant à Lourdes, sanctuaires marial dans lequel se réunissent chaque année plusieurs milliers de malades.

Dans ce sanctuaire et durant toute sa visite, Jean-Paul II a résidé dans une simple hospitalité, au côté d’autres malades, en simple pèlerin.

L’appel à la pauvreté de Benoît XVI

Avant la fin de son pontificat, Benoît XVI lui-même demandait au monde catholique de réévaluer ses priorités pour se tourner vers la pauvreté.

Dans une tribune écrite dans le Financial Times le 20 décembre dernier, le pape démissionnaire évoquait, avant Noël : « La naissance du Christ nous conduit à réévaluer nos priorités, nos valeurs, notre mode de vie. »

« À la fin d’une année qui a signifié pour beaucoup des privations économiques, que pouvons-nous apprendre de l’humilité, de la pauvreté, de la simplicité de la scène de la crèche ? » écrivait-il alors.

En établissant une sorte de programme du chrétien, Benoît XVI évoquait alors, cette pauvreté.

Le pape François, héritier de Benoît XVI

Il est fondamental, disait-il, de « combattre la pauvreté », de protéger « la dignité suprême de tout être humain », de lutter pour « la distribution égales des ressources de la terre », de « prendre soin des plus pauvres et des plus vulnérables », de « s’opposer à l’avidité et à l’exploitation convaincus que la générosité et un amour qui s’oublie soi-même […] sont les voies qui conduisent à la plénitude de la vie»

Comme dans un dernier message – Benoît XVI savait peut-être déjà à cette époque qu’il démissionnerait quelques semaines plus tard – le pape adressait alors une règle de vie aux catholiques du monde entier et exhortait le peuple à retrouver un esprit de pauvreté. Un appel qui a sans doute été entendu par le pape François, alors simple archevêque de Buenos Aires.

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