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Hadopi: un vrai rôle dans le recul du piratage

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Liberticide. Inefficace. Ses deux qualificatifs reviennent systématiquement quand on évoque Hadopi. Pourtant, et même si le dispositif est loin d’être parfait, les résultats d’Hadopi ne sont pas aussi limités qu’il n’y parait. Entre véritable effet dissuasif de l’arsenal juridique et la campagne de sensibilisation géante (et gratuite) mise en place par ses opposants, on ne peut pas nier le rôle d’Hadopi dans le recul du piratage en France.

Moins 35% de téléchargement illégal depuis 2011

Depuis deux ans (Hadopi a été inauguré en 2011), les chiffres du piratage sont très fortement en baisse en France. Une baisse notamment perceptible en matière de téléchargement peer to peer, qui s’est effondré de 35% au cours de cette période. Des chiffres que la mise en place d’Hadopi ne sauraient en aucun cas expliquer totalement. Mais tout de même.

Certes, le peer to peer, et plus globalement le téléchargement, perd du terrain auprès des pirates qui privilégient désormais les solutions de streaming, moins facilement traçables. Néanmoins, le streaming illégal recule également face à une double problématique : celle de la perception du piratage par l’internaute moyen, et celle de la multiplication des offres légales.

La multiplication des offres légales (Deezer, iTunes, Spotify,…) est ni plus ni moins que l’adaptation des industriels du secteur à la nouvelle donne numérique. Face à l’effondrement des ventes de produits culturels physiques (CD, DVD), ils ont mis au point des offres digitales dématérialisées offrant aux internautes des garanties en termes de sécurité (pas de virus et pas de risques légaux), de confort (qualité des copies disponibles) et de facilité d’utilisation (sur l’ordinateur ou via la VOD).

La perception du piratage a évolué

Et, dans le même temps, (et notamment grâce à Hadopi), la perception des internautes sur le piratage a évolué. Même si cela demeure symbolique, la criminalisation du téléchargement illégal qui a résulté de l’intense campagne médiatique autour de la mise en place de la Haute Autorité, a fini par payer. Peu à peu le piratage, qui était un réflexe se transforme en « vol » de créations artistiques.

Une évolution des mentalités qui reprend une nouvelle sociologie du Web. L’internaute de 2013 est plus grand-public et plus casanier qu’avant. La peur du gendarme, suscitée par Hadopi, a sans conteste accéléré ce contexte et cette mutation. Mais ne soyons pas dupes. Hadopi ne représente pas pour autant l’arme fatale contre le piratage.

Loin des craintes soulevées sur une répression généralisée à l’encontre des internautes ou des attentes sur l’émergence d’un véritable gendarme du Web, le bilan judiciaire d’Hadopi est aujourd’hui famélique : trois décisions judiciaires en 18 mois d’existence, dont une condamnation à 150 euros d’amende pour le téléchargement de deux chansons de Rihanna, une relaxe et une condamnation avec dispense de peine.

Autant de coups d’épée dand l’eau… qui ont néanmoins eu un grand retentissement médiatique (fusse pour moquer l’inefficacité du dispositif) et ont contribué à faire baisser le piratage en France. Et comme par hasard, un certain nombre d’autres pays (y compris les Etats-Unis) songent aujourd’hui à s’inspirer d’Hadopi.

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