En juillet, Kate Middleton donnera à la monarchie britannique un nouvel héritier qui, garçon ou fille, montera un jour sur le trône. Le moindre de ses faits et gestes est scruté et commenté : elle fait la mode, vestimentaire comme capillaire, mais, plus encore, dans un pays et un monde en crise, elle doit montrer la voie par ses comportements et ses engagements. Extraits de « Kate Middleton, reine du XXIe siècle », de Franck Guillory (Jacob Duvernet).
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« I, Catherine Elizabeth, take Thee William Arthur Philip Louis to my wedded husband to have and to hold from this day forward, for better for worse…» Par ces quelques mots prononcés, le 29 avril 2011, au pied du maître-autel de l’abbaye de Westminster, une « jeune fille d’Anglais moyen » a épousé son prince charmant, un vrai prince, petit-fils de la plus grande des reines, fils d’une icône immortelle, futur roi d’Angleterre. Par ces quelques mots ordinaires, Kate Middleton a scellé son destin, le fabuleux destin de Catherine, duchesse, princesse puis, un jour, reine.
Comment « Waitie Katie » est-elle parvenue à résister face à la pression du job de fiancée royale ? Comment a-t-elle su récupérer son prince après une rupture sous les spot lights en 2007 ? Comment a-t-elle fini par convaincre l’opinion, plutôt bienveillante devant le joli conte de fée, mais, surtout, la reine Elizabeth II qu’elle était, très certainement, le « casting parfait » ? Le « casting parfait »… L’était-elle, de par sa beauté mais aussi son intelligence, ou l’est-elle devenue, façonnée par les spin-doctors, les conseillers en tout genre de Buckingham Palace ? C’est le mystère et la force de Kate Middleton.
Extraits de Kate Middleton, reine du XXIe siècle
, de Franck Guillory (Jacob Duvernet)
Début février 2013, la romancière et essayiste, ultra-respectée outre-Manche, Hilary Mantel est invitée à prononcer un discours au British Museum sur sa conception de la famille royale et de sa relation avec la société contemporaine. Contre toute attente, celle-ci concentre sa démonstration sur la duchesse de Cambridge qu’elle appelle – communément – princesse Kate.
« On m’a demandé de choisir une célébrité et un livre à lui donner (…) J’ai choisi Kate, la duchesse de Cambridge, et j’ai choisi de lui donner un livre paru en 2006, écrit par l’historienne Caroline Weber, intitulé Reine de la mode : ce que portait Marie-Antoinette sous la Révolution. Ce n’est pas que je pense que nous marchons vers une révolution. C’est plutôt que j’ai vu Kate devenir une poupée articulée sur laquelle on accrochait quelques chiffons. A l’époque elle était un mannequin de magasin, aucune personnalité propre, entièrement définie par ce qu’elle portait. Ces jours-ci elle est une mère en devenir, et enveloppée dans un nouvel ensemble d’attributions inutiles. »
Sur sa lancée, la double lauréate du Booker Prize, le plus prestigieux des prix littéraires britanniques, poursuit sa démonstration, son assaut : « Kate Middleton, telle qu’elle était, semblait avoir été designée par un comité et fabriquée par ces artisans, avec un parfait sourire en plastique et des membres recouverts de vernis (…) Mais dans son premier portrait officiel par Paul Emslev, révélé en janvier, ses yeux sont vides et elle revêt le sourire forcé d’une femme qui veut en fait dire au peintre de dégager ».
Coup de tonnerre. La presse se déchaine contre l’intellectuelle à l’origine d’une « attaque au vitriol ». En voyage en Inde, le Premier ministre David Cameron dénonce la violence de propos indignes.
Miss Kate Middleton, ci-devant princesse William de Galles et duchesse de Cambridge, est-elle cette créature artificielle engendrée par la presse et l’opinion publique ? Et si, pendant qu’on y est, elle servait quelques forces obscures au nom d’un énième complot mondial ? Les conspirationnistes, ceux qui persistent à croire que Diana a été assassinée pont de l’Alma ou que la reine Elizabeth II est un lézard, s’en délecteront…
Hilary Mantel n’a pas tort, il est difficile de juger un personnage public, historique, en le déconnectant de la période et des événements qu’il a traversé. Il en va de Marie-Antoinette comme de Kate Middleton.
Notre siècle n’a que treize ans et, en pleine crise d’adolescence, il se cherche encore. Qui sait le genre de tempéraments, les traits de caractères qu’il faudra pour faire face aux aléas des prochaines décennies, pour compter ? Si une chose est sûre, dans ces temps d’incertitude, c’est que, quelles que soient les critiques qui puissent lui être adressées, quelles que soient les circonstances – révolutionnaires ou pas -, duchesse, princesse puis reine, Catherine fera partie du casting aux côtés de son duc, prince, roi, William.
Si elle se défend de prédire, tel Cassandre, un avenir sombre à notre monde, Hilary Mantel choisit la comparaison peu flatteuse – que ce qualificatif soit justifié ou pas est un autre débat – avec Marie-Antoinette. Là où la romancière a vu juste, c’est que les deux, Marie-Antoinette et Kate sont deux expatriées, l’une géographique et l’autre sociale, première roturière, depuis plus de trois siècles, promise au trône d’Angleterre…
S’il importe peu de juger les propos d’Hilary Mantel et moins encore de lui répondre, il est essentiel, en ces temps où triomphe le médiatique artificiel de prendre un peu de distance et de tenter d’aborder le personnage de Kate dans sa globalité – autant que cela est possible – et pour cela de retracer son parcours. Son parcours depuis sa naissance jusqu’à nos jours, le making of d’une princesse, d’une reine, la reine du XXIème siècle.
L’exercice est troublant, Kate est troublante. On imagine une héroïne artificieuse, artificielle, comme nous ont laissé l’imaginer ces petits morceaux d’informations glanés au jour le jour, puis repris et transformés, et repris… On découvre un parcours sans une faute ou presque, impressionnant, troublant. Troublant tant il serait machiavélique si seulement il avait été anticipé…
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Franck Guillory est le rédacteur en chef de JOL Press, il est aussi l’auteur de William fils de Diana – la vie d’un prince (Jacob Duvernet).
Kate Middleton, reine du XXIe siècle, Jacob Duvernet (28 mars 2013)