Site icon La Revue Internationale

La «valise mexicaine» de Robert Capa retrouvée 70 ans après

[image:1,l]

L’histoire est digne d’un scenario de film d’espionnage. Disparue depuis 70 ans et réapparue en 2007 au Mexique, la légendaire valise de Robert Capa est passée de mains en mains avant de retourner à Paris, là d’où elle est partie en 1939.

Un parcours rocambolesque

En 1939, le photographe doit quitter en urgence la France pour les États-Unis, laissant dans son studio, rue Froidevaux, des boîtes contenant près de 200 rouleaux de pellicules sur la guerre civile espagnole, prises entre 1936 et 1939 par Robert Capa, sa compagne Gerda Taro et son ami Chim.

C’est son ami Csiki Weisz, un photographe hongrois lui aussi réfugié à Paris, qui emporte les photos dans le sud de la France : « En 1939, alors que les Allemands approchaient de Paris, j’ai mis tous les négatifs de Bob dans un sac et j’ai rejoint Bordeaux à vélo pour essayer d’embarquer sur un bateau à destination du Mexique. J’ai rencontré un Chilien dans la rue et je lui ai demandé de déposer mes paquets de films à son consulat pour qu’ils y restent en sûreté. Il a accepté », expliquait le photographe.  

Mais pendant près de quarante ans, ces clichés sont introuvables. En 1979, Cornell Capa, le frère du photographe, directeur de l’International Center of Photography, lance un appel pour retrouver les fameux négatifs. La valise tant recherchée est en fait entre les mains d’un cinéaste mexicain, Benjamin Tarver, qui l’a héritée de sa tante, qui l’avait elle-même reçue du général Francisco Javier Aguilar González, ex-ambassadeur du Mexique à Vichy. En 2007, les images sont enfin restituées à Trisha Ziff une conservatrice de Mexico. L’enthousiasme est considérable dans l’univers du photoreportage.

[image:2,l]

Un extraordinaire contenu 

Les trois petites boîtes que contient la valise renferment des pellicules de Chim, photographe juif polonais, celles de Capa et sa compagne Gerda Taro, morte écrasée par un char pendant la bataille de Brunete en 1937. Au total, ce sont 4500 négatifs qui sont retrouvés, des images poignantes sur la guerre civile espagnole, mais aussi sur l’histoire de trois photographes juifs qui ont inventés la photographie de guerre moderne. Ces républicains espagnols sont en effet considérés comme les pionniers d’un nouveau type de photojournalisme, militants et engagé : « Si ta photo n’est pas bonne, c’est que tu n’étais pas assez près », disait Robert Capa, au risque de perdre sa vie.

70 après sa disparition, la valise retourne à Paris

Après New York, Arles, Madrid, Barcelone et Bilbao, le mystérieux contenu de la valise mexicaine sera donc présenté au musée d’art et d’histoire du judaïsme de Paris jusqu’au 30 juin. A l’intérieur de la valise, de nombreux portraits, des scènes de combat de la guerre civile présentés sous forme de planches-contact agrandies, comparées avec des reproductions et des pages de magazines de l’époque.

Pour Cynthia Young, conservateur à l’ICP et commissaire de l’exposition, « c’est vraiment très important de montrer cette exposition à Paris, car c’est la ville qui a accepté ces trois immigrés qui avaient quitté l’Allemagne pour Gerda Taro, la Hongrie pour Robert Capa et la Pologne pour Chim »

Quitter la version mobile