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Le «Duflot bashing» est-il justifié?

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Selon Le Parisien, le cabinet de Jean-Marc Ayrault aurait infligé un « sévère recadrage » au plan de rénovation thermique présenté fin février par les ministres de l’Energie et du Logement, Delphine Batho et Cécile Duflot. L’entourage du Premier ministre aurait ainsi indiqué que le plan n’était « arbitré ni dans ses mesures ni dans son financement », et que les mesures présentées par les deux ministres « devront prendre en compte toutes les marges de manœuvre sur le plan budgétaire »Cet événement est-il exceptionnel ou reflète-t-il un réel agacement du Premier ministre à l’égard de la ministre de l’Égalité des territoires et du Logement ?

Cécile Duflot contre l’austérité

Dans un entretien au Journal du Dimanche, la ministre du Logement estimait par ailleurs, en février, que « la réponse à la situation financière de la France ne peut se réduire uniquement à tailler dans les dépenses ». Pour l’ancienne secrétaire nationale d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), « personne ne peut croire que de l’austérité naîtra le retour des temps meilleurs. » « Il y a aussi une nécessité d’investissements. Les deux doivent aller de pair », a-t-elle ajouté.

A la tête de l’opposition au sein du gouvernement pour demander moins de rigueur, Cécile Duflot agace. D’autant qu’elle n’hésite pas à affirmer que le gouvernement est « traversé par un profond débat sur la politique économique ». Un vent de fronde que Jean-Marc Ayrault ne peut laisser passer sans réagir. Aussi a-t-il envoyé une lettre de recadrage à tous ses ministres en guise d’avertissement à l’égard, en particulier, de Cécile Duflot.

Candidate à la mairie de Paris ?

Sera-t-elle candidate à la mairie de Paris ? « Je n’ai pas pris de décision. Quand j’avais décidé de ne pas être candidate à la présidentielle, je l’avais dit plus de dix-huit mois avant et de façon très nette. Quand je ne dis pas que les choses sont exclues, c’est qu’elles ne le sont pas. Rien n’est exclu, » a-t-elle lancé dans son entretien au JDD. Une indécision mal comprise par sa famille politique, en particuliers Jean-Vincent Placé, président du groupe Europe-Ecologie-Les-Verts au Sénat, qui a invité l’ensemble des ministres et des parlementaires, dont la ministre du Logement, « à ne pas être candidats aux municipales dans les villes importantes ».

« Je pense que chaque membre du gouvernement devrait se consacrer à sa tâche, et puisque, paraît-il, on a des débats sur la question du non-cumul des mandats et des fonctions, j’invite l’ensemble des ministres et des parlementaires à ne pas être candidats aux municipales dans les villes importantes », a-t-il déclaré sur Radio classique et Public Sénat. Les Verts parisiens réunis en Assemblée générale le 23 février ont décidé que les candidats à la mairie et dans les arrondissements devraient être désignés en juin. Feront-ils bloc contre Cécile Duflot ? Ne défend-elle pas mieux les idées du parti au sein du gouvernement ? Les avis divergent et les hésitations de la ministre ne jouent en sa faveur…

Pourquoi est-elle si agaçante ? 

Si son statut d’allié EELV au sein du gouvernement lui donne une certaine indépendance et une indéniable liberté de ton, Cécile Duflot n’est pas pour autant indétrônable. Aussi doit-elle jongler entre les prises de positions fermes et une docilité de façade vis-à-vis du gouvernement. Mais ne va-t-elle pas brûler ses ailes à ce jeu-là ?

Cette semaine « M », le magazine du Monde, titre « Cécile Duflot : pourquoi est-elle si agaçante ? » Une enquête dans laquelle les journalistes ont recueilli un grand nombre de témoignages de son entourage politique : « Cécile, c’est un mélange d’insouciance et de volonté de pouvoir », explique le député européen Daniel Cohn-Bendit. « Elle sait très bien où elle va, même si elle ne sait pas très bien où elle est ». « Son ambition folle a contribué à nous donner l’image d’un parti opportuniste », complète un élu Vert sous couvert de l’anonymat. « Elle est animée d’un besoin de reconnaissance qui n’est pas compatible avec l’émergence d’un mouvement politique ».  Des critiques acerbes que la ministre devra impérativement prendre en compte dans les mois à venir, car ce n’est pas la droite qui l’épargnera.

Détestée à droite…

Les députés de droite ne l’aiment pas et le lui font comprendre sans complexe : « Elle n’y connaît rien, elle est nulle », lance un jour Bernard Accoyer, en plein débat à l’Assemblée. « C’est ça, je ne connais absolument pas le problème du logement », lui répond-elle violement. « En revanche, ce que je sais, monsieur Accoyer, c’est que je suis une femme. Je vous prierai donc de m’appeler madame la ministre. Sinon je me verrai dans l’obligation de vous appeler, monsieur le député, avec un ‘a’, ce qui ferait monsieur la Député. Ce serait aussi désagréable à votre égard qu’au mien. » Cette impulsivité ne plaît pas mais elle s’en moque. Une bonne stratégie ? Rien n’est moins sûr…

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