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Les antipapes, ces figures discordantes de l’Église catholique

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Pape à la place du pape

Hippolyte de Rome est le premier antipape reconnu comme tel par l’Église catholique. Fermement opposé au pape Calixte Ier, qu’il accuse de vouloir autoriser les unions entre esclaves et patricien(ne)s, il est élu « antipape » par un groupe de partisans en 217 après Jésus-Christ. Le schisme se poursuit jusqu’en 235, sous le pontificat d’Urbain Ier puis de Pontien, avec qui il finit par se réconcilier. Mort en martyr, il est le seul antipape honoré par l’Église.

Par la suite, des élections irrégulières ont parfois porté sur le Saint-Siège des prétendants alors qu’un pape régnait déjà sur le trône ou pendant certaines périodes de vacance du trône. Des divisions internes ont d’autres fois mené les électeurs à élire deux papes le même jour. Enfin, il n’était pas rare que les souverains fassent pression sur l’élection de papes, considérés par la suite comme antipapes par l’Église.

Rivalités intestines

Pendant certaines périodes sombres de l’Église catholique, il arrivait que plusieurs papes soient élus en même temps, créant des schismes historiques. En 1130, à la mort d’Honorius II, une commission est chargée d’élire le nouveau pape.

Mais une scission entre les cardinaux attachés au clan des Frangipani – une grande famille romaine – et ceux attachés aux Pierleoni, plus populaires, entraîne l’élection de deux papes, Innocent II et Anaclet II. Après la mort du second, l’Église tranchera en reconnaissant le premier comme pape légitime.

Le grand schisme

En 1378 a lieu le grand schisme d’Occident, qui divise la papauté en deux lignées rivales, à Rome et à Avignon. La lignée romaine se divise elle-même en 1409 et deux antipapes se rendent à Pise. Seuls les papes de Rome sont aujourd’hui considérés comme légitimes. Les papes d’Avignon (Clément VII, Benoît XIII, Clément VIII et Benoît XIV) et de Pise (Alexandre V et Jean XXIII) ont été déclarés antipapes par la suite.

En 1439, après une lutte d’influence avec le pape Eugène IV, Félix V est intronisé pape par le « concile » de Bâle, qui prétend déposer Eugène IV. Félix V fut le dernier antipape reconnu comme tel par l’Église. Depuis le grand schisme et la crise pontificale qui touche le catholicisme, la fonction de pape est rejetée par les obédiences issues du schisme, comme le protestantisme.

Les papes sédévacantistes

L’Annuario pontificio, (l’Annuaire pontifical), qui recense tous les dignitaires de l’Église catholique romaine, répertorie tous les papes depuis Saint Pierre. Après 1449 et la fin du « pontificat » de Félix V, l’Annuario ne fait plus allusion aux antipapes. Mais plusieurs personnalités ecclésiastiques ont par la suite revendiqué leur papauté, malgré leur non-reconnaissance par l’Église.

Il s’agit généralement de leaders de groupes sédévacantistes (courant catholique traditionaliste), qui considèrent le Siège de Rome comme vacant et élisent quelqu’un pour l’occuper. Un nombre significatif d’entre eux ont pris le nom de « Pierre II », en raison de sa signification particulière. Du point de vue de l’Église catholique romaine, ils sont schismatiques, et à ce titre sont automatiquement excommuniés.

Plusieurs antipapes sont par exemple issus de l’Église chrétienne palmarienne des Carmélites de la Sainte-Face, fondée en 1978 en Espagne par Clemente Dominguez y Gomez (qui s’est autoproclamé pape Grégoire XVII). D’autres antipapes ont été élus par des fidèles catholiques (et non des cardinaux), comme David Bawden (proclamé Michel Ier) élu en 1990 aux États-Unis, Pie XIII ou encore Linus II, qui vit aujourd’hui en Angleterre dans sa maison transformée en chapelle et qu’il considère comme le « Vatican en exil ».

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