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Mur de Berlin: la chute d’un morceau d’histoire

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Un projet immobilier controversé

En détruisant quatre blocs du mur de Berlin, jeudi 27 mars à l’aube, c’est un morceau de l’histoire contemporaine qui est tombé. Une partie de l’East Side Gallery, une portion du mur de Berlin de 1,3 km conservé après la chute en 1989, a été abattue au petit matin devant des centaines de manifestants pourtant bien décidés à sauver ce vestige de la Guerre Froide.

Depuis le début du mois de février, ces Berlinois s’opposent au projet d’un promoteur immobilier : construire une ouverture dans le mur pour accéder à une tour d’habitation de luxe de 63 mètres de haut sur les berges de Spree.  Selon la presse allemande, environ 250 policiers étaient sur place pour éviter que la mobilisation des opposants ne perturbe le déroulement des opérations. Déjà le 1er mars, une première tentative de percée du mur avait dû être stoppée en raison de la mobilisation spontanée de 200 manifestants qui avaient formé une chaîne humaine pour essayer d’empêcher les travaux.

« Save the wall ! »

Même l’acteur David Hasselhoff, connu pour ses rôles dans les séries américaines Alerte à Malibu et K2000 a rejoint la mobilisation. «Je suis venu pour vous apporter mon soutien car je crois que [les restes du Mur] sont un morceau d’Histoire » a déclaré l’acteur qui avait chanté « Looking for freedom ! » au pied du mur le 31 décembre 1989. « Il faut se souvenir que des gens ont perdu la vie ici pour la liberté ! », a-t-il ajouté devant des milliers de Berlinois plus tôt dans le mois.

Une pétition avait dépassé les 80 000 signatures sur Internet, et des mouvements pour la protection du mur se sont multipliés sur les réseaux sociaux comme Facebook.

Attraction touristique

Ce mur, haut de 3,6 mètres, orné de fresques, est devenu l’une des attractions touristiques majeures de la capitale allemande et l’une des plus grandes galeries d’art à ciel ouvert. Plus de 110  artistes issus de 21 pays différents l’avaient décoré en 1990, avant que le mur soit classé au patrimoine des monuments historiques en 1992. Parmi les fresques les plus célèbres, on retrouve le « Baiser fraternel » entre les dirigeants soviétique Brejnev et est-allemand Honecker, refletant l’euphorie et l’espoir des Berlinois après la chute du mur.

Une ville qui s’embourgeoise

Outre le pan du mur de Berlin, de plus en plus de quartiers sont en train de se transformer dans la capitale allemande pour laisser la place à des projets immobiliers. « Tour ce qu’on peut vendre, on le vend », constate Caroline Woiton, une étudiante berlinoise de 24 ans. « D’un côté les Berlinois se réjouissent de l’attractivité grandissante de la ville pour les entreprises et les ménages, mais d’un autre côté la capitale telle qu’on la connaissait a changé », poursuit-elle. « Toute cette scène alternative et artistique est en train de disparaître ». Ce phénomène urbain d’embourgeoisement, Caroline Woiton l’observe tous les jours : « Les maisons occupées sont évacuées. Tous les jours nous entendons des termes comme « gentrification » ». Les loyers ont également beaucoup augmenté depuis quelques années. « Il devenu très difficile de se loger dans les nouveaux quartiers « chics » – à l’époque peu appréciés – comme Prenzlauer Berg, Kreuzberg ou Friedrichshain », explique-t-elle. 

Et bien qu’il soit déjà question de reconstruire les blocs du mur retiréspour l’étudiante, le mal est fait :« il est impossible de reconstruire des œuvres d’art »

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