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«No», l’histoire de la campagne de pub qui a renversé Pinochet

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« Peu de gens savent comment Pinochet a quitté le pouvoir »

Après deux longs métrages plutôt noirs (Tony Manero et Santiago 73-post mortem), le jeune cinéaste chilien Pablo Larraín (37 ans) change de ton avec No. Humour et enthousiasme se font la part belle dans ce film qui retrace la chute du dictateur chilien Augusto Pinochet, en 1988, quinze ans après sa prise de pouvoir par la force, en renversant le président de gauche Salvador Allende.

Devant la pression internationale, le dictateur accepte d’organiser un référendum, censé le maintenir à la tête du pays. « En général, on sait comment Pinochet est arrivé au pouvoir, mais peu de gens savent comment il l’a quitté », explique Pablo Larraín.

Le pouvoir de la publicité…

L’opposition, qui obtient un quart d’heure de temps de parole par jour, se lance dans une vaste campagne de communication, afin de renverser le dictateur ; le jeune publicitaire René Saavedra (Gael García Bernal), accepte de prendre en charge la propagande centrée autour du « Non » à Pinochet. Grâce aux méthodes de marketing qu’il a apprises aux États-Unis – principal allié du Chili –, où il est allé étudier, René Saavedra parvient à imposer un nouveau style publicitaire inattendu, coloré, drôle, et sexy.

Non sans ironie, le film met en exergue le pouvoir de la mobilisation collective et de l’humour, au service d’un retour à la démocratie. Le spectateur suit les tentatives et échecs de René et de ses compagnons, pour faire emporter le « No » qui triomphera finalement – Pinochet obtiendra tout de même 44% des voix.

… et de la mobilisation populaire

Encensé par la critique française et internationale, nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger, No a cependant trouvé un écho mitigé auprès des Chiliens, certains reprochant au réalisateur d’avoir accordé trop d’importance au pouvoir fédérateur de la publicité.

« La défaite de Pinochet est le résultat d’une mobilisation populaire, organisée par des dirigeants politiques qui sont parvenus à rassembler l’opposition au Chili et en exil », admet Pablo Larraín. « Cependant, la publicité optimiste, qui n’attaquait pas Pinochet mais visait à neutraliser la peur, a joué un rôle important ».

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