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Officiel: Obama n’a pas le droit d’assassiner des Américains

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Après avoir tergiversé pendant des semaines, le ministre américain de la Justice Eric Holder s’est vu récemment obligé d’affirmer en toute solennité que l’administration Obama n’entendait pas s’arroger « le droit de tuer par drone des citoyens américains sur le territoire national, à condition qu’ils ne soient pas directement impliqués dans des opérations de combat. »

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Cet épisode n’est pas sans rappeler ce dont avait prévenu Jacques Cheminade lors de sa campagne présidentielle de 2012, à propos des assassinats de civils par drone par Barack Obama.

C’est dans ce contexte que le 8 mars 2013, Rand Paul, Sénateur Républicain du Kenntucky, a procédé à une obstruction parlementaire (filibuster) pour retarder le plus possible la nomination du nouveau patron de la CIA : John Brennan, en charge de la politique des assassinats ciblés par drone. En effet, la question sur le droit de tuer par drone des citoyens américains sur le territoire national, posée à l’origine par la Sénateur Rand Paul il y plusieurs semaines, avait amené Holder à répondre le 4 mars de manière ambiguë, qu’il jugeait la question hypothétique mais que néanmoins « il est possible, je suppose, qu’on puisse imaginer des circonstances exceptionnelles où il serait nécessaire et conforme à la Constitution américaine et aux lois en vigueur, que le Président autorise l’emploi de la force militaire létale sur le territoire des Etats-Unis ».

La nature supra-partisane de ce combat

Le Sénateur Rand Paul a ainsi tenu un discours d’obstruction parlementaire pendant 13 heures d’affilées, aidé par quelques sénateurs républicains et… un sénateur démocrate : Ron Wyden.

L’intention de ce filibuster bi-partisan est de premier ordre, puisque lors de sa participation à ce filibuster, le Sénateur Démocrate de l’Oregon Ron Wyden a clairement expliqué que l’enjeu était de faire émerger un nouveau parti politique qui se situe au-delà des lignes traditionnelles: « Je nous appelle nous-mêmes le mouvement de la séparation des pouvoirs, où nous affirmons que le président a des pouvoirs colossaux dans le domaine de la sécurité nationale, mais que ces pouvoirs ne sont pas sans entraves. »

Puis, lors d’une interview sur CNN le lendemain, le sénateur démocrate de l’Oregon a donné son total soutien à l’effort d’obstruction parlementaire menée par le Sénateur Rand Paul. A la question du journaliste : « Vos collègues vous ont-ils reproché ce mouvement de votre part ? » Wyden a répondu : « Pas vraiment, non… car je pense qu’il y a un sens, qu’il y a un nouveau mouvement politique qui est en train de naitre dans notre pays, qui ne tient plus compte des lignes des partis […]. »

Rand Paul a lui  aussi souligné la nature supra-partisane de ce combat, en affirmant sur Fox News le 8 mars: “Quatre démocrates sur cinq, ce qui est beaucoup à mes yeux, sont venus me voir après coup, disant qu’ils étaient d’accord sur ce que j’avais dit et qu’ils en appréciaient l’esprit, le zèle. Et vous voyez, ça a été un véritable compliment pour moi, que de voir des gens qui sentent que je me bats pour une cause bien plus grande que la simple partisannerie. »

Holder a finalement dû concéder dans une lettre laconique, dans la nuit de mercredi, que ce droit de tuer par drone des citoyens américains sur le territoire national n’existait pas. « Cher sénateur Paul : il est venu à mon attention que vous avez maintenant posé une question supplémentaire : ’Le Président a-t-il l’autorité d’utiliser un drone armé pour tuer un américain sur le territoire américain, à moins qu’il ne soit directement impliqué dans des opérations de combat ?’ La réponse est non. »

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Même si la nomination de John Brennan a été entérinée par le Sénat par un vote de 63 contre 34 sans que les questions embarrassantes sur son rôle à Benghazi et dans le transfert d’armes de la Libye vers la Syrie n’ait été soulevée, l’administration Obama s’est enfin vue obligée, pour la première fois, de renoncer, dans des conditions humiliantes, au droit de tuer des citoyens américains sans la moindre forme de procès.

 

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