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Lorsqu’elle est créée en 1928, près des rives du Canal de Suez, l’organisation des Frères musulmans n’a pas encore pour ambition de conquérir le monde musulman.
Les Frères sont parvenus à s’installer partout
Pourtant, l’association d’Hassan Al-Banna, qui a pour objectif à l’origine, de contrer l’occidentalisation croissante de l’Egypte, se donne rapidement une posture internationale et les Frères, bien organisés, arriveront, en quelques décennies, à conquérir une grande partie du monde musulman et européen, faisant de leur action, un combat politique ou social adapté à la culture du pays dans lequel ils cherchent à s’implanter.
La confrérie a un mode de fonctionnement bien à elle et qui, définitivement, a fait ses preuves. En prenant l’islamisation par le bas comme mode d’emploi, les Frères musulmans se sont vu accueillis partout, et aujourd’hui, sont présents, parfois au plus haut niveau de la vie politique nationale des pays qu’ils ont choisis.
Le premier Frère musulman président de l’histoire est égyptien
Au fur et à mesure des décennies qui ont vu les responsables des Frères musulmans se succéder, l’organisation s’est ramifiée et s’est organisée de manière pyramidale, assurant, depuis les instances dirigeantes installées à Londres, la communication nécessaire pour que chaque antenne fonctionne de manière homogène mais assez librement pour permettre aux confréries de chaque pays d’agir en toute autonomie.
L’Egypte est le pays de naissance des Frères musulmans. C’est dans ce pays que le premier Frère musulman de l’histoire a d’ailleurs été élu, le 17 juin 2012, à la présidence, à l’issue d’une révolution de deux ans qui a vu la chute d’Hosni Moubarak.
Les Frères sont très présents sur le territoire égyptien en tant qu’acteurs politiques et sociaux incontournables. Fidèles à leur devise : « Le Coran est notre constitution », ils sont accusés par l’opposition égyptienne, d’avoir détourné les grandes réclamations de la révolution pour instaurer la charia en Egypte.
Principales implantations des Frères musulmans en Europe et dans le monde arabe
Palestine et Jordanie accueillent la confrérie
Si l’Egypte a été à l’origine d’un grand mouvement de conversion à la méthode des Frères, ces derniers se trouvent aujourd’hui représentés dans tout le monde arabe. Partout, ils jouent de concert de la même stratégie. Leur action sociale et caritative leur accorde la bienveillance de la population qui les rétribue ensuite dans les urnes lorsqu’ils s’engagent en politique.
A chaque pays son histoire, et la confrérie n’a pas le même développement dans chaque culture. En Palestine, les Frères musulmans sont arrivés très vite et ils ont notamment été très actifs lors de la rébellion arabe de 1936. Une branche armée s’est alors vite créée, transformée au fil du temps pour devenir le Hamas en 1987. Aujourd’hui sous la direction de Khaled Mechaal, le Hamas prône la lutte armée, contrairement au Fatah, pour obtenir un Etat palestinien.
La confrérie jordanienne a été créée peu de temps après que les Frères se sont implantés en Palestine, tant les liens qui unissent les deux pays sont forts. La Jordanie est peuplée de moitié de Palestiniens et le royaume hachémite a toujours cultivé un lien intime avec son voisin cisjordanien.
Les Frères musulmans sont aujourd’hui bien implantés en politique. Au sein du Front islamique d’Action, les Frères musulmans se sont lancés dans un combat politique frontal avec le roi Abdallah. Critiquant son mode de vie ainsi que celle de la reine Rania, les Frères musulmans veulent désormais faire tomber la monarchie laïque telle qu’elle existe encore. Lors des dernières élections, la confrérie a boycotté le scrutin pour protester contre un découpage électoral qui leur est défavorable.
Vers un deuxième gouvernement de Frères musulmans en Syrie ?
Comme en Irak, où les Frères musulmans avaient profité de la chute de Saddam Hussein pour s’infiltrer sur la scène politique, ces derniers se sont engagés dans la crise syrienne pour se faire leur place définitive dans le monde politique. D’abord présents au sein du Conseil national syrien (CNS), ils se sont engagés, grâce au soutien du Qatar et de l’Arabie Saoudite, dans la Coalition nationale des forces d’opposition syrienne, désormais reconnue par la communauté internationale et dont le Premier ministre récemment élu, Ghassan Hitto, est un Frère musulman aujourd’hui invité pour siéger en lieu et place de la Syrie lors des sommets de la Ligue arabe.
Les Frères musulmans s’installent en France
L’arrivée des Frères musulmans en Europe a été rapide. Lorsque la confrérie commence à faire l’objet de virulentes attaques du gouvernement égyptien, les Frères cherchent alors une nouvelle terre de prédilection. L’Europe s’impose comme un territoire plein de promesses.
C’est ainsi que plusieurs décennies plus tard, les Frères ont tissé leur toile dans plusieurs pays européens à commencer par la Suisse, pays qui a l’avantage d’être bien loin de la traque policière du régime de Nasser et d’être un grand pays banquier prêt à abriter la richesse que les Frères ont réussi à accumuler grâce aux généreux dons de l’Arabie Saoudite et de l’Iran du Shah.
La France s’est vite avérée être une terre d’accueil de premier choix. Les musulmans sont arrivés nombreux à la suite des diverses vagues d’immigration et un organisme s’est placé comme repère pour tous ces « musulmans expatriés ». L’Union des organisations islamiques de France (UOIF) a fait son apparition.
« Le Coran est notre constitution »
Aujourd’hui, l’UOIF revendique pas mois de 250 associations affiliées sur tout le territoire français, ainsi qu’une cinquantaine de lieux de culte. L’organisation se revendique première force représentante de l’islam de France, pays devenu également le premier pays d’accueil musulman d’Europe.
Si l’UOIF a régulièrement tenté de mettre en avant sa participation à la vie républicaine de la France, faisant de la tolérance et de la liberté d’expression un principe fondamental de sa politique, le vent a régulièrement tourné pour ces Frères musulmans de France.
S’ils se sont fait une place dans le paysage politique français, par cette discrétion caractéristique des Frères lorsqu’ils s’implantent, ces derniers n’ont pas tardé à montrer un visage différent, celui de la confrérie à l’état naturel. Dans un entretien au Parisien, le 12 février 2003, Thami Breeze, président de l’organisation, s’était permis de déclarer, au cours de l’interview, « le Coran est notre constitution, » la devise bien connue des Frères musulmans depuis leur origine.