Site icon La Revue Internationale

Peter Turkson, le cardinal polémique qui secoue la curie

[image:1,l]

Depuis plus d’une semaine, les rues de Rome sont entrées dans une campagne électorale assez inhabituelle.

La surprenante campagne électorale d’un cardinal africain

Le collectif d’artistes « ZeroZeroKappaKappa » s’est lancé dans une campagne en faveur de l’élection d’un cardinal souvent cité parmi les nombreux « papabili ». Des affiches, illustrant le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson sont ainsi placardées dans le centre de la capitale italienne pour inciter le conclave qui doit se réunir, pour les premières réunions préparatoires, à partir de lundi 4 mars à opter pour un pape africain. Les cardinaux africains sont trois à figurer parmi la liste des « papabili » potentiels. Parmi eux, le cardinal Turkson pourrait peut-être être le premier pape africain depuis le cinquième siècle.

Expansion de l’islam et baisse de la natalité

Ce n’est pas la première fois que le cardinal Turkson fait parler de lui à ses dépens. Ce dernier a fait de la lutte contre l’expansion de l’islam et du déficit démographique en Europe son cheval de bataille. En octobre dernier, il se faisait remarquer, lors d’un synode des évêques, en diffusant une vidéo choc sur le phénomène musulman en Europe, baptisée Muslim demographics.

« Pour pouvoir accueillir l’autre, nous devons d’abord nous affirmer nous-mêmes, sinon nous allons être avalés par les nouveaux arrivants, » avait-il estimé à une autre occasion, interrogé par le quotidien italien Il Sole 24 Ore au sujet de l’immigration.

La thèse principale du cardinal est d’expliquer que le déclin démographique associé à l’expansion de l’islam bouleversera, à terme, la culture européenne qui deviendra « islamique ». Selon lui, la France, notamment, deviendra nécessairement une « république islamique » dans environ quarante ans.

Pas d’homosexualité en Afrique

Ses prises de position concernant l’homosexualité ont également créé une vive polémique, particulièrement depuis que dans une interview accordée à CNN, en février dernier, le cardinal Turkson avait affirmé que l’Afrique était relativement protégée de la pédophilie grâce aux traditions et aux cultures qui « protègent » les pays des « tendances » homosexuelles.

« L’homosexualité ou en l’occurrence toute affaire entre deux sexes du même genre ne sont pas tolérés par notre société, » avait-il déclaré.

Un cardinal qui ne fait pas l’unanimité

Au fil des années, le cardinal Turckson ne s’est pas fait que des amis dans l’Eglise. A commencer par le cardinal français André Vingt-Trois qui a affirmé, en octobre dernier, être « en désaccord très net » avec les thèses de Peter Kodwo Appiah Turkson concernant l’immigration.

Pourtant, dans l’Eglise, si le cardinal ghanéen a des ennemis, il a également un grand ami. Et c’est ami n’est autre que Benoît XVI qui, à la suite de Jean-Paul II, qui l’avait fait cardinal en 2003, lui a demandé de quitter le Ghana pour rejoindre, en 2009, le Conseil pontifical Justice et Paix.

Au sein de la curie romaine, il est également membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements ainsi que du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.

Un Africain à la curie

Peter Kodwo Appiah Turkson est né le 11 octobre 1948 au Ghana. Il est titulaire d’un doctorat en Ecriture sainte obtenu à l’Institut pontifical biblique de Rome.

Ordonné le 20 juillet 1975, il devient prêtre pour le diocèse de Cape Coast, au Ghana. Durant son ministère de prêtre, il a notamment été membre de la direction d’un petit séminaire puis enseignant d’un grand séminaire. Il est nommé archevêque de Cape Coast le 6 octobre 1992.

Quitter la version mobile