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«Printemps français»: la résistance au «changement de civilisation»

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JOL Press : Vous avez choisi de baptiser votre mobilisation « Printemps français ». C’est un choix évocateur dont les contours restent flous, non ?

Béatrice Bourges : C’est le printemps et il se passe toujours beaucoup de choses au printemps. C’est la saison où les plus belles plantes bourgeonnent, fleurissent…

Mais, c’est plus que cela. A travers l’expression « Printemps français » nous souhaitons exprimer, comme d‘autres peuples l’ont fait à travers le monde, notre colère devant les évolutions en cours dans notre société, dénoncer le déni de démocratie dont nous nous estimons les victimes. Ce mouvement est né d’une volonté d’entrer en résistance.

JOL Press : Mais, où est, au juste, le déni de démocratie ?

Béatrice Bourges : Il y a deux grosses manifestations contre le projet Taubira depuis le début de l’année et elles n’ont servi à rien. Deux manifestations exceptionnelles – d’ampleur historique, dit-on – et une pétition au Conseil économique, social et environnemental qui, pour la première fois, a recueilli 700 000 signatures.

Les auditions à l’Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur le mariage pour tous, ont été bâclées et le Collectif pour l’enfant a été à peine écouté.

François Hollande avait déclaré qu’il serait « le président de tous les Français », il ne fait pas ce qu’il a dit.

JOL Press : Il y a eu un vote positif à l’Assemblée, le projet Taubira poursuit son chemin au Parlement. N’êtes-vous pas en train de remettre en cause les fondements même de la démocratie représentative ?

Béatrice Bourges : La démocratie représentative ne dispense pas d’écouter les gens, le peuple. Les élus, représentants de la Nation, peuvent écouter, recevoir les opposants. Dans le cas contraire, c’est prendre le risque de les voir s’énerver.

Au Parlement, on sait très bien qu’il y a eu des pressions, qu’il y a des pressions. On sait très bien que des députés souhaitaient voter contre la loi Taubira et qu’ils en ont été dissuadés.

On nous dit ensuite que « les Français dans leur majorité ont élu François Hollande » et que « c’était dans le programme de François Hollande »… François Hollande n’a jamais dit que sa proposition 31 allait entraîner un profond changement de civilisation. Il n’est pas seulement question de droits pour une catégorie de personnes mais d’un profond changement de civilisation…

JOL Press : Vous en voulez à François Hollande…

Béatrice Bourges : Il reste sourd à la colère de millions de gens. Il persiste à faire adopter la loi Taubira, à engager un profond changement de civilisation alors que le chômage augmente, que l’euro se porte mal.

Un président de la République doit sentir le pouls du pays, il ne sent rien. Il est arc-bouté et manque d’humilité.      

Résultat : les forces de l’ordre s’en prennent aux manifestants et on assiste à des scènes de matraquage et de gazage.

JOL Press : Vous a-t-il convaincu jeudi soir ?

Béatrice Bourges : Je n’ai pas eu le temps de le regarder. Je n’ai donc pas pu me faire encore une opinion.

JOL Press : Quelle suite allez-vous donner à votre mouvement ? A quoi ressemblera votre « Printemps français » ?

Béatrice Bourges : Une suite d’actions et de réactions. Partout en France naissent des « Printemps français », les gens se regroupent et entrent en résistance.

JOL Press : Quelles actions vont-ils mener ?

Béatrice Bourges : Je ne peux pas vous le dire. La règle première de la résistance, c’est le secret. Des ateliers de créativité ont été créés pour définir ces plans d’actions et ils se sont révélés très créatifs. Nos jeunes, en particulier, sont très mobilisés.

JOL Press : Votre mobilisation repose sur les réseaux sociaux beaucoup ?

Béatrice Bourges : Pas uniquement. On se réunit aussi dans la vie réelle.

JOL Press : Quelles seront les suites politiques ? Vous ne craignez pas une récupération ?

Béatrice Bourges : Pas du tout. Pas de récupération prévue ou même possible. La confiance dans les organisations politiques ne cesse de diminuer, c’est une des démonstrations de notre mouvement spontané.

JOL Press : Quels sont vos objectifs ?

Béatrice Bourges : Tout d’abord que la loi Taubira ne passe pas et que la démocratie soit respectée.

Ensuite, nous combattons aussi d’autres aspects du changement de civilisation qu’on cherche à nous imposer. Comme enseigner la théorie des « genders » – qui prétend qu’on se fabrique son sexe – dans les écoles.

JOL Press : On a vu comment se sont déroulées – et se déroulent – les révolutions du « Printemps arabe ». Au début, on descend dans la rue pour défendre la démocratie et on se retrouve avec les islamistes, les extrémistes au pouvoir… Avoir opté pour l’expression « Printemps français », n’est-ce pas un peu hasardeux ?

Béatrice Bourges : Nous combattons un déni de démocratie et entendons être  écoutés.

Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press

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