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Que reste-t-il du Mur de Berlin, aujourd’hui menacé?

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Ce week-end, 6000 Berlinois se sont mobilisés pour sauver ce qui reste du Mur de Berlin, édifié il y a plus de cinquante ans et démoli – en partie – en novembre 1989.

Ce vestige de la Guerre froide, dont le plus gros tronçon, qui mesure 1,3 kilomètre de long, est recouvert d’une centaine de fresques d’artistes du monde entier – l’East Side Gallery -, est en effet menacé d’être en partie détruit par un investisseur immobilier, qui souhaite construire une grande tour de luxe de 63 mètres de haut, comprenant 36 appartements, dont 20 ont déjà été vendus.

« Le Mur doit rester ! »

Dès vendredi, des centaines de manifestants s’étaient rassemblées devant le Mur, protestant contre le projet immobilier à coups de slogans détournés comme « Le Mur doit rester ! » (en référence au slogan « Le Mur doit tomber ! » de 1989). D’autres manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « N’effaçons pas l’Histoire pour nos enfants ! », « L’argent fait tomber le Mur ! » ou encore « Indignez-vous ! ».

Une pétition sur Internet a déjà recueilli plus de 55 000 signatures. Face à la pression, l’investisseur Maik Uwe Hinkel a déclaré avoir « décommandé la grue », et promis de « ne pas retirer pour le moment d’autres segments du mur ». Le maire de l’arrondissement, Frank Schulz, a de son côté indiqué qu’il y aurait un débat public le 18 mars entre les différents représentants. « Je pense que toutes les idées seront utiles pour éviter cette brèche dans le mur », a-t-il ajouté.

À la recherche des vestiges perdus…

Plus de vingt ans après sa chute, le Mur de Berlin semble avoir presque entièrement disparu du paysage berlinois. La ligne de pavés qui sillonne la ville reste le marqueur incontestable de ce symbole honni de la Guerre froide, figurant parmi la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Après sa chute le 9 novembre 1989, les Allemands ont essayé pendant de nombreuses années d’oublier ce « mur de la honte » et de la division. Des 155 kilomètres de mur qui entouraient Berlin-Ouest, il ne reste aujourd’hui plus que quelques traces, souvent difficiles à repérer. Une équipe de l’université technique de Cottbus, en Allemagne a ainsi eu l’idée de créer une carte interactive, recensant les restes du mur de Berlin, et les bâtiments associés.

L’East Side Gallery, 1,3 kilomètre de fresques colorées

Entre la fin 1989 et le début de l’année 1990, le Mur est presque entièrement démantelé, à l’exception de quelques sections, dont la plus connue reste l’East Side Gallery, située le long de la Spree. Peint par 118 artistes du monde entier, le tronçon est recouvert d’une centaine de fresques, réalisées sur le côté est du Mur.

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Des artistes comme Jürgen Grosse, Kasra Alavi, Thierry Noir, Ignasi Blanch Gisberti ou encore Dmitri Vrubel, qui a reproduit le célèbre « Baiser de l’amitié » entre Erich Honecker et Léonid Brejnev, ont contribué à décorer ce long pan de mur. La plupart des fresques font référence au mur lui-même, ou portent des messages pacifistes. L’East Side Gallery est depuis devenue une attraction touristique majeure, et le symbole d’un pan de l’Histoire allemande. Depuis 1992, l’East Side Gallery est classée au patrimoine des monuments historiques.

D’autres pans d’Histoire conservés…

Parmi les autres portions du mur encore visibles aujourd’hui, près de 300 mètres de mur d’arrière-plan ont été conservés le long du stade Friedrich-Jahn, dans le parc de Prenzlauer Berg. Une autre partie a été conservée à l’emplacement de l’ancien point de passage de Bornholmer Straße, situé entre les arrondissements de Pankow (Est) et Wedding (Ouest). Dans les cimetières St. Hedwig, Französische Domgemeinde, et Invalidenfriedhof, plusieurs dizaines de mètres des murs principaux ont également été conservés.

Dans la Niederkirchner Straße, un tronçon de mur long de 200 mètres, fortement abîmé à coup de burins par les « chasseurs de souvenirs » en 1989-1990, est aujourd’hui protégé du public par des barrières. Plusieurs segments du mur ont par ailleurs été exposés sur la Potsdamer Platz et la Leipziger Platz ; déplacés de leurs implantations d’origine, ils sont exposés à des endroits qui se trouvent sur le tracé du mur d’arrière-plan et du mur extérieur, où le No Man’s Land mesurait plusieurs centaines de mètres de largeur.

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