Trois spationautes, un Russe et deux Américains, ont décollé vendredi 29 mars à bord d’une fusée Soyouz, depuis le sol russe. En une durée record de moins de six heures, le vaisseau a rejoint la Station spatiale internationale (ISS), placée en orbite terrestre. Ils y resteront pour une mission de presque six mois.
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Vol « express »
Ils sont partis des steppes du Kazakhstan, depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, dans la nuit de jeudi à vendredi. Les cosmonautes russes Pavel Vinogradov et Alexandre Missourkine, ainsi que l’astronaute américain Christopher Cassidy, ont décollé à bord d’une fusée Soyouz, et ont rejoint la Station spatiale internationale en moins de six heures.
Un record, par rapport aux précédents voyages vers la station orbitale, qui duraient deux jours. « Avec un vol de si courte durée, l’équipage pourrait même emporter une glace – et elle ne fondrait pas », a plaisanté Pavel Vinogradov, qui a déjà effectué deux missions dans l’espace.
Les trois hommes ont été accueillis par les trois spationautes présents sur place : le Russe Roman Romanenko, l’Américain Thomas Marshburn et le Canadien Chris Hadfield, arrivés en décembre à bord de la station, et qui repartiront en mai. Leurs successeurs, eux, resteront jusqu’en septembre.
Au cours des six prochains mois, l’équipe effectuera 137 enquêtes sur l’exploitation américaine de la station, et 44 pour le segment russe, selon un communiqué de l’agence spatiale américaine, la Nasa. L’agence a également déclaré que les investigations porteront sur la recherche humaine, les sciences physiques et biologiques, le développement technologique, l’observation de la Terre, et l’éducation.
La station fait 15 fois le tour de la Terre par jour
« Ils sont arrimés ! J’étais juste à côté de la trappe, j’ai entendu/senti le métal coulisser, un bruit sourd, et ensuite le Soyouz a eu une impulsion pour vérifier qu’il était bien accroché. Trop cool ! » a écrit Chris Hadfield sur Twitter vendredi, lorsque les trois spationautes sont arrivés à bord de la Station, conçue pour réaliser des expériences scientifiques en micropesenteur.
La Station spatiale internationale, « International Space Station » en anglais, a commencé à être construite en 1998, et devrait être achevée en 2013. Le projet, lancé en 1983 par le président américain Ronald Reagan, ne voit donc le jour que quinze ans plus tard, avec le concours de la Russie, du Canada, du Japon et de 11 pays européens membres de l’Agence spatiale européenne, dont la France.
Depuis 2000, la Station est occupée en permanence par des spationautes, d’abord au nombre de trois, puis de six à partir de 2009. La Station, placée en orbite terrestre basse à une altitude de 350 à 400 kilomètres, et à une vitesse de 27 700 kilomètres par heure, fait le tour de la planète 15 fois par jour. Elle a les dimensions d’un terrain de football : elle s’étend sur 110 mètres de largeur, 74 mètres de longueur et 30 mètres de hauteur, et pèse environ 400 tonnes. Elle comporte une quinzaine de modules pressurisés.
Des hommes dans l’espace
Chacun des six spationautes présents dans la Station séjourne environ six mois mais l’équipage est renouvelé tous les trois mois. Souvent russes ou américains, des Européens, des Japonais et un Canadien ont également séjourné dans l’ISS.
À l’intérieur de la Station, l’équipage alterne entre périodes de travail, exercice physique et repos, selon un emploi du temps détaillé et précis. La journée de travail commence à 6 heures et finit à 19 heures 30. « Avant tout, vous devez être réellement ordonné. Vous ne pouvez pas vous contenter de poser les choses « là », car cette notion n’existe pas à bord de la Station. Tout flotte dans l’air. […] Tout doit être fixé, généralement avec du ruban adhésif », raconte Umberto Guidoni – premier européen à avoir séjourné à bord de l’ISS – à l’Agence spatiale européenne.
« Aujourd’hui, l’ISS n’est en fait qu’un long tube, avec des tunnels qui relient différents modules. Vous vous dites : « Tiens, ce serait drôle de voler par là ». Les astronautes affectés à des missions de courte durée, comme moi, n’arrivent jamais à vraiment s’y retrouver. Mais ceux qui séjournent plus longtemps à bord de l’ISS deviennent très habiles : ils effectuent de longs déplacements sans heurter quoi que ce soit… », ajoute l’ancien spationaute.
La Station devrait être opérationnelle au moins jusqu’en 2020, et potentiellement jusqu’en 2028. Mais à cause de restrictions budgétaires, et parce que les modules les plus anciens devraient être obsolètes en 2013, la Station pourrait connaître des problèmes techniques avant 2020. Les agences en charge de la Station pourraient alors décider de procéder à son démantèlement et à sa désorbitation.