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Une nouvelle doctrine pour la zone euro: la recapitalisation interne

 

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Comme l’a rappelé Jeroen Dijsselbloem, ce sont, jusque-là, les contribuables européens, à travers les États-membres – les États relativement épargnés par les effets de la crise -, qui ont été sollicité lors des plans successifs visant à sauver de la faillite systèmes bancaires et gouvernements endettés. Désormais, il pourrait en être différent.

Placer les banques devant leurs responsabilités

« Ce que nous avons fait la nuit dernière a consisté, selon moi, à repousser les risques, » a-t-il déclaré avant de détailler la nouvelle approche qu’il souhaiterait, avec l’accord des autres membres de l’Eurogroupe, faire prévaloir.

« Si une banque fait l’objet d’un risque, notre première question doit être de demander à ses responsables, ‘Okay, qu’allez-vous faire au sein de l’établissement à ce sujet ? Que pouvez-vous faire pour assurer votre recapitalisation ?’.  Si la banque ne peut rien faire, alors nous devons nous adresser à ses actionnaires et ses créanciers. Nous leur demanderons de contribuer à la recapitalisation de la banque. Ensuite, nous solliciterons les détenteurs de comptes non sécurisés ».

« Si nous voulons avoir un secteur financier sain, en bonne santé, la seule façon est de dire, ‘Regardez, là vous prenez des risques, vous devez y remédier, et si vous ne pouvez régler cela par vous-même, alors vous n’auriez pas dû vous engager auprès de ces facteurs de risques ».

Anticiper les difficultés ou la fin de l’irresponsabilité

Cette nouvelle approche est, selon lui, rendue possible par le fait le pire de la crise est derrière nous, en raison, notamment, des mesures adoptées lors des précédents Conseils européens.

« En substance, nous devons inciter les pays-membres à anticiper les problèmes de leurs établissements financiers. Ils doivent renforcer leurs banques, préétablir les bilans et prendre conscience du fait que, désormais, l’intervention de l’Europe, son implication dans la résolution du conflit, ne seront plus automatiques. Nous allons les renvoyer à leurs problèmes. Cela doit être notre première réponse. Les renvoyer à leurs responsabilités. Dire aux Etats que c’est à eux de s’en occuper. »

« Nous devons aboutir à une situation dans laquelle nous n’aurons même plus à envisager une recapitalisation directe. »

Du « bail-in » ou recapitalisation interne

« Si nous disposons davantage d’instruments de ‘bail-in’, c’est-à-dire d’instruments nous permettant de contraindre les actionnaires et les créanciers à mettre la main à la poche, et que nous fixons des limites à ces mesures coercitives, le besoin de recapitalisation directe se réduira de plus en plus.

« L’approche doit consister à s’occuper des banques, en cherchant des ressources au sein des banques d’abord, avant de mobiliser de l’argent public ou de l’argent issu du public. Les banques devraient être en mesure de sauver seules, ou au moins de se restructurer ou de se recapitaliser par elles-mêmes autant que possible. »

« Notre option prioritaire est désormais la recapitalisation interne et je suis convaincu que les marchés prendront cette évolution en compte et qu’ils y verront une approche sensible et directe, plus appropriée que l’approche qui a prévalu jusque-là. »

« Cela forcera l’ensemble des institutions financières, comme les investisseurs, à prendre en considération les risques qu’ils prennent parce que, désormais, ils pourront en subir, elles aussi, les conséquences. Les risques pourront désormais les atteindre directement. »

Réassurance et inquiétude…

Cette nouvelle stratégie est une bonne nouvelle pour tous les pays et tous les secteurs bancaires qui ne sont pas sous la menace d’une défaillance. Pour ceux qui, au contraire, restent sous la menace d’un défaut, c’est au contraire la promesse de mesures drastiques, telles  que le gel ou la taxation des dépôts mise en œuvre à Chypre en vertu du plan B de sauvetage.

Une perspective qui, forcément, ne manquera de susciter débats et inquiétudes. 

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