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50 nuances de Grey: «Juste dosage entre SM et fleur bleue»

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JOL Press : Qu’avez-vous pensé du livre?

Catherine Solano : Je n’ai lu que le premier tome et pour tout vous dire, j’ai trouvé que cela sonnait faux. Cela fait vraiment roman à l’eau de rose… Et en plus, la promesse de sadomasochisme n’est pas tenue. Les personnages sont caricaturaux : après tout pourquoi pas, mais il faut qu’ils aient un petit trait de caractère qui les rendent attachants. 

Quant au personnage de Christian Grey, il est le fantasme masculin par excellence : beau, riche, polyglotte, il peut séduire toutes les femmes de la terre… Mais trop c’est trop ! Ce n’est absolument pas réaliste. On est dans le fantasme de l’auteur… 

JOL Press : Comment expliquer un tel succès littéraire ?

Catherine Solano : C’est un livre à l’eau de rose, une histoire d’amour. Ce qui attire les gens, c’est à la fois ce côté arlequin et l’histoire sexuelle dans le livre. Le côté commercial a également beaucoup joué. C’est devenu un tel phénomène de mode, qu’il faut absloument l’avoir lu ! Lorsqu’on voit la mise en place en France, on ne peut pas entrer dans une librairie sans qu’il y ait un tas de livres : cela doit jouer sur les lecteurs. Un peu à la manière de Marc Lévy…

JOL Press : Est-ce que cela révèle une banalisation de la pornographie ?

Catherine Solano : Aujourd’hui, la pornographie est complètement rentrée dans les mœurs. Cela ne m’étonne pas que les gens s’ouvrent davantage sur des choses pornographiques ou qui sont en tout cas censées l’être. Mais à la différence des films pornographiques, la littérature a quelque chose de décomplexant. Peu de gens se vanteront par exemple d’avoir vu un film X, par contre ils ne se cachent pas de lire Fifty Shades of Grey, c’est de la littérature, alors cela fait plus intellectuel.

Un livre permet également de faire travailler l’imagination. Dans un film, on ne peut pas zapper les images trop hard. Un livre laisse au contraire plus de liberté, on peut sauter des passages. Ce roman a par exemple l’avantage de permettre aux lectrices « fleurs bleue » et à celles sado-machistes de piocher les passages qui les intéressent : chacun peut ainsi trouver des éléments qui leur correspondent. C’est la clé du succès du livre : un  juste dosage entre le sado-machiste et le côté fleur bleue.

JOL Press : Ce phénomène littéraire traduit-il une érotisation de la société ?

Catherine Solano : Sans doute… Les femmes ont peut-être envie d’un stimulant érotique et elles le trouvent dans ce roman, sans que cela soit trop choquant !

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