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Affaire Cahuzac: le gouvernement connaissait-il l’existence du compte?

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« Par lettre du 26 mars 2013, j’ai demandé à Messieurs les juges d’instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke de bien vouloir me recevoir afin que, délivré des obligations de ma fonction, je puisse enfin donner les explications qui s’imposent au regard de la détention à l’étranger d’un compte bancaire dont je suis le bénéficiaire depuis une vingtaine d’années. 

Plusieurs mois de mensonges

J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600 000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris. »

C’est ainsi que l’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, sur son site, a finalement avoué, après plusieurs mois de mensonges, détenir un compte bancaire à l’étranger.

Au lendemain de ces aveux troublants, la presse s’interroge. Si pendant plusieurs mois, malgré les révélations du site d’informations Médiapart, le ministre démissionnaire n’a jamais avoué avoir de l’argent à l’étranger, le gouvernement et le président de la République était-il du secret ?

Les aveux de Jérôme Cahuzac augmentent le sentiment de suspicion

Dans le quotidien Libération, Eric Decouty pose lui-même la question. « C’est une ignominie. Avec ses dissimulations, ses mensonges, Jérôme Cahuzac a fait bien plus que salir son honneur, » estime-t-il. Selon lui, « l’existence (d’un) compte en Suisse est la première des fautes » de Jérôme Cahuzac qui a jeté « l’opprobre sur son action, discrédité la parole politique et soulevé des doutes quant à l’autorité du chef de l’Etat. »

Même sentiment au FigaroPaul-Henri du Limbert estime qu’à « l’heure où la France s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise, rien n’est plus grave que l’atmosphère de suspicion généralisée que provoquera inévitablement l’affaire Cahuzac. »

Impossible pour le gouvernement de ne pas savoir ?

Dans sa déclaration, Jérôme Cahuzac l’affirme, le gouvernement n’avait pas connaissance de l’existence de ce compte. Ce dernier s’excuse d’ailleurs envers le gouvernement qu’il avait choisi.

« A Monsieur le Président de la République, au Premier Ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé, » écrit l’ancien ministre du Budget.

Pourtant, à droite comme à gauche, de nombreuses voix s’élèvent pour affirmer qu’il était impossible pour le gouvernement de ne pas savoir.

Des doutes, à gauche comme à droite

Jean-François Copé, président de l’UMP s’interroge. « La question […] est de savoir si le président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement étaient au courant et s’ils ont couvert ces faits, » a-t-il déclaré avant d’ajouter, qu’il soit connu ou non du gouvernement, le mensonge de Jérôme Cahuzac « signe définitivement la fin de la gauche morale et donneuse de leçons. »

Claude Guéant va plus loin. Interrogé sur RFI, ce dernier affirme que « à un moment, le pouvoir a dû savoir. Ça me semble évident, la question est de savoir quand, évidemment, mais il a dû savoir. »

A l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon s’interroge également : « où s’arrête la chaîne du mensonge ? Qui savait et n’a rien dit ? »

Le gouvernement joue la carte de l’innocence

François Hollande a pourtant tenté de calmer les esprits, quelques minutes à peine après les révélations de Jérôme Cahuzac.

Dans un communiqué de l’Elysée, ce dernier a déclaré prendre « acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac » qui a, selon lui, « commis une impardonnable faute morale » en « niant les faits. »

L’Elysée tente la stratégie de l’innocence pour se laver de ce scandale politique. Ainsi, Jean-Marc Ayrault a d’ores et déjà annoncé qu’il ne s’excuserait pas au nom du gouvernement devant les Parlementaires, et François Hollande n’a actuellement pas répondu à l’appel de l’UMP qui exigeait que le chef de l’Etat « s’explique devant les Français. »

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