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Affaire Cahuzac: révélateur de communication

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Naturellement, à côté de la dimension républicaine de cette affaire, il y a une interrogation au niveau de la place de la communication dans les gouvernances contemporaines et de celle des « spin doctors à la française ». J’ai appelé ainsi les membres de notre corpus parce que je sais que l’histoire nous oblige.

Pour ma part, il ne s’agit pas ici de poser un jugement de valeurs sur le conseiller Stéphane Fouks et l’action qu’il a conduite. D’autant plus que je ne sais pas le réel de l’action. Il ne s’agit même pas, stricto sensu, de défendre une profession.

Il s’agit, ici et maintenant, de défendre des valeurs et des fondamentaux indispensables pour exercer ce métier. 

Précisons, en préambule, qu’il ne s’agit pas non plus d’être candide 

Ni d’être naïve. Aux États Unis, en Angleterre, et ailleurs, il y a eu des actions de Spin doctoring assez discutables. Des mensonges.

J’en conviens. 

J’en suis consciente.

Et j’ai vite compris la nécessité de labelliser le Spin Doctoring à la française : mon métier.

Responsabilité sociale

Je crois que nous devons travailler dans la responsabilité sociale. 

La communication politique ou économique est un métier un vrai métier, elle est exigeante, professionnelle et lourde de conséquences.

Ensuite, la communication a changé de dimension, elle est devenue ultra dangereuse, puissante, poussée par les nouvelles technologies qui ont fait naître une vitesse inédite de la communication. Boostée par la mondialisation, celle-ci a instauré la naissance d’une « nouvelle opinion publique internationale ». J’alerte sur ces changements et espère une prise de conscience plus forte. J’alerte sur la nécessité de bien réfléchir à l’installation d’un staff de communication dans lesdites gouvernances, qu’elles soient politiques, financières, économiques ou sociales. C’est vital.

De surcroît, il est nécessaire d’admettre que la communication requiert à l’évidence, une maturité d’esprit, une éthique, une culture générale, une personnalité construite et à un certain niveau, une expérience professionnelle importante. On ne s’invente pas spin doctor un beau matin de printemps.

Je crois en mon métier, en sa force, en sa nécessité absolue. Je sais qu’il est important. Encore une fois, nous devons l’exercer dans un esprit de « responsabilité sociale », ce qui veut dire que nous travaillons sur le sens.

« Bodygards communicationnels »

Nous sommes, non seulement, des « bodygards communicationnels » mais aussi nous devons être en mesure de dire « non », quand il le faut. Nous devons également réclamer toute la vérité la plus absolue, au départ d’une mission. Nous devons nous même rechercher la vérité des situations pour ne pas être dans l’impasse ou être nous même pris au piège. Mes questions sont toujours comprendre et sont, par définition, audacieuses et profondes.

Pour cela, il faut redire que le métier de spin doctor : ce n’est ni d’être un affidé d’un client, ni une « brosse à reluire », ni un militant. Chacun comprend ainsi que ce n’est pas un métier facile et nous devons avoir la personnalité de la fonction. J’ai coutume de dire : c’est un métier de chien car il est toujours très dur dans l’exercice. Parfois, si nous sommes dans le job, nous dérangeons tellement que nous savons que la fenêtre et la porte ne sont jamais loin. Là, nous sommes dans le réel du spin doctoring.

Le spin doctoring, c’est comprendre, analyser, décrypter de façon clinicienne, sans être dans le jugement de valeurs. Établir un diagnostic.

Et surtout, traduire ce diagnostic en actions. Cette deuxième facette est délicate et relève à la fois de techniques et de l’art du spin doctoring.

Dans toutes les situations, il faut dire à nos clients que le mensonge n’est pas, n’est plus tenable. Il a une telle transparence informationnelle que les faits sont connus tôt ou tard, erronés ou justes.

En ce qui concerne le vocabulaire et la question des éléments de langage qui sont évoqués par certains journalistes. Cette question me semble datée, dépassée en 2013. J’ai aussi qualifié cela de « communication du perroquet » dans mon dernier ouvrage. On ne peut pas travailler ainsi. Avec mes clients, nous pouvons parfois nous enguirlander pour un seul mot, je discute, j’argumente, je peste sur le vocabulaire. Ensemble, nous essayons de traduire le mieux possible une idée, pour un sujet précis… Normal.

In fine, à travers tous ces fondamentaux, il faut bien entendre et comprendre que le spin doctor est un conseiller qui a une liberté de ton et d’attitude particulière. Il est à sa place et rien qu’à sa place mais il est aussi un co-partenaire.

Bien évidemment, chacun l’aura compris : on ne peut fonctionner qu’en confiance, qu’en totale confiance.

En conclusion, il est bon de rappeler que nous sommes assermentés par le secret professionnel, nous sommes tenus au secret. Chacun choisit sa formule pour exprimer notre caractère confidentiel, au présent et au futur-présent. Cela ne souffre d’aucune exception. C’est en tous les cas, ma propre démarche professionnelle.

Qu’il me soit permis d’exprimer une mise en garde sur les dangers de la communication, une nécessité de comprendre que l’on ne reviendra pas en arrière. Le spin doctoring est un métier qui va se développer. Il faut qu’il soit exercé professionnellement et avec une éthique obligée.

Qu’il me soit permis également de plaider pour l’excellence de ce métier.

Qu’il me soit encore et enfin permis pour un appel au calme et à l’intelligence, pour la France. 

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