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Avoir 20 ans en Afghanistan

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Il venait d’avoir 11 ans lorsque la guerre en Afghanistan a éclaté. Syed Abdul Hai Sadat a aujourd’hui 22 ans. Après avoir étudié au Pakistan, il travaille désormais dans son pays natal. Après dix années de guerre, Syed Abdul Hai Sadat a confiance, l’Afghanistan peut devenir une grande nation. Pour cela, la jeunesse doit aujourd’hui se mobiliser.

Quel est votre sentiment sur l’état de l’Afghanistan, après dix ans de guerre ?

Je pense finalement que ces dix années ont été bonnes pour l’Afghanistan au regard de ce que nous sommes en train de construire aujourd’hui. Après ces années de guerre, nous marchons maintenant vers la paix et le développement.

Toutefois, la médaille a également son revers et nous faisons désormais face à de nombreux problèmes, dont l’un des principaux est la corruption de notre gouvernement et de toutes les antennes de l’Etat dans le pays.

Les forces internationales devraient-elles, selon vous, garder une présence sur le territoire afghan ?

J’estime qu’elles devraient avant tout suivre nos lois et respecter nos responsables politiques, ce qu’elles ne font pas actuellement. Les responsabilités en termes de sécurité doivent être confiées à des forces afghanes.

Nous devons prendre nos responsabilités car les forces étrangères ne devront pas rester toujours en Afghanistan.

Craignez-vous un retour au pouvoir des talibans ?

Bien entendu. Les talibans sont un mouvement soutenu par nos voisins, qu’il s’agisse du Pakistan ou de l’Iran. Si nos forces afghanes ne sont pas formées et équipées d’armement moderne, leur retour deviendrait vraiment probable.

Le gouvernement actuel est-il assez fort pour assumer les enjeux de l’Afghanistan de l’après-guerre ?

Je ne pense pas. Tous les membres de ce gouvernement sont des gens qui se sont engagés dans la guerre civile de ces 35 dernières années. Ils ne sont ici que par l’ambition du pouvoir et de l’argent. Nous espérons que les élections de 2014 verront de nouvelles personnalités émerger pour mettre un terme définitif à cette génération.

Quels sont, selon vous, les principaux défis de la société afghane ?

Nous avons deux problèmes principaux qui devraient être au cœur de la politique engagée par le gouvernement. Les politiques doivent s’engager concrètement en faveur de la paix et de la sécurité dans le pays. Ils doivent également lancer une grande politique d’éducation dans tout le pays. Ces problèmes sont loin d’être résolus à ce jour.

Quel est votre regard sur l’égalité homme/femme aujourd’hui ?

J’ai l’impression que l’égalité des sexes évolue favorablement. Néanmoins, dans certaines régions, notamment dans le sud et le nord du pays, les femmes souffrent encore de nombreuses règles établies. Elles n’ont pas accès à l’éducation, n’ont pas la permission de travailler et de toute façon, ne peuvent pas sortir de chez elles.

Quel rôle la jeunesse peut-elle jouer dans l’Afghanistan d’après-guerre ?

L’avenir de l’Afghanistan est dans les mains de la jeunesse. Ils ont les moyens de jouer un rôle fondamental pour la construction du pays notamment en s’instruisant et en participant aux prochaines élections. Parmi tous les candidats qui se présenteront, la jeunesse devra donner sa voix à la bonne personne.

Etudier en Afghanistan, est-ce facile ?

Je peux dire que l’éducation est globalement accessible à tous. Globalement car, dans certaines régions, les talibans pakistanais empêchent les jeunes d’avoir ce droit, en détruisant les écoles et en empêchant tout simplement les enfants d’aller à l’école.

Les talibans expliquent à la population que le gouvernement en place n’est pas en accord avec les règles de l’islam et que les livres de classe délivrés aux enfants ne peuvent que les pervertir.

Trouver un travail en Afghanistan, est-ce facile ?

Lorsque le gouvernement est entré en fonction, je peux dire qu’il était encore aisé de trouver un emploi. Mais aujourd’hui, un nombre démesurément important de jeunes sont au chômage.

Quelles sont vos plus grandes peurs pour l’avenir ?

Je crains que le pays ne retombe dans la guerre civile.

Quels sont vos espoirs ?

J’espère que la communauté internationale ne nous laissera pas seuls et qu’elle nous aidera à prendre toutes nos responsabilités notamment pour ce qui concerne la sécurité et le budget.

Qui sont vos héros ?

Ahmad Shah Baba Abdali (premier padishah d’Afghanistan, fondateur de la dynastie qui a régné sur le pays pendant 226 ans et jusqu’en 1973. Il est considéré comme le père fondateur de l’Afghanistan, ndlr) et Mirwais Khan Nika (héros national afghan qui a vaincu les Perses au début du 18ème siècle, ndlr).

Pour vous, que représente la France ?

Je ne connais pas vraiment la France mais je sais que le peuple et l’Etat français aident notre gouvernement et notre société pour sortir de cette période de guerre et de crise.

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