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Birmanie: les premiers quotidiens privés en 50 ans

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Les Birmans se réjouissent

Pour la première fois depuis cinquante ans, les Birmans ont pu feuilleter les pages de quatre quotidiens privés dans les kiosques lundi 1er avril. Au total, seize journaux ont obtenu le feu vert des autorités pour publier un quotidien à partir du 1er avril, mais seulement quatre d’entre eux ont réussi à tenir les délais : The Voice Weekly, version quotidienne d’un des plus grands magazines du pays, The Golden Fresh Land,  The Standard Time, et The Union, proche du parti majoritaire.

« Cela fait cinquante ans que nous attendons ce jour », explique au Guardian Khin Maung Lay, rédacteur en chef de Golden Fresh Land, dont 80 000 exemplaires du premier numéro avaient déjà été vendus en fin de matinée. « Cela montre à quel point les gens attendaient ces quotidiens privés. Ce matin, j’étais en larmes en voyant cela ». 

Libéralisation la presse

Après des années de censure, les Birmans se réjouissaient de la publication de ces quatre quotidiens privés, interdits par la junte militaire jusqu’à sa dissolution en mars 2011. Le régime militaire avait en effet nationalisé les quotidiens il y a cinquante ans, exerçant un contrôle sur la presse qui faisait de la Birmanie l’un des pays les plus répressifs au monde en matière de censure. 

La libéralisation des médias faisait partie du programme de réformes prises par le nouveau gouvernement. En août 2012, la Birmanie avait décrété l’abolition de la censure sur les médias, permettant aux journalistes de ne plus soumettre leur travail avant publication aux censeurs d’Etat, the Press Scrutiny and Registration Division, PSRD.

Une décision saluée par l’ONG Reporters sans frontières qui l’a qualifiée de « rupture historique avec le contrôle de fer de l’Etat birman sur le contenu des informations publiées », tout en estimant que cette mesure devait être « élargie à l’ensemble des catégories de médias ».

Assouplissement progressif

La parution de ces quatre quotidiens atteste donc de la volonté de réforme du gouvernement birman. Déjà, l’année dernière, le nouveau gouvernement de Thein Sein avait permis la libération de cinq journalistes de la Democratic Voice of Burma (DVB), de deux journalistes indépendants, Thant Zin Aung, Zaw Thet Htwe et du blogueur Nay Phone Latt. Reporter Sans Frontière constate une amélioration progressive de la situation des médias en Birmanie : des sujets sensibles, comme les activités de la leader de l’opposition Aung San Suu Kyi peuvent par exemple désormais faire la « une » du Golden Fresh Land Daily.

Une période de transition

Ce vent de liberté qui souffle sur la presse birmane a permis au pays passer de la 179e à la 151e place dans le classement 2013 de Reporters sans frontières. Mais pour assurer la pérennité de ces quotidiens, la Birmanie devra faire face à plusieurs obstacles, notamment le manque de formation des journalistes, souvent formatés par la censure depuis 1962, et aux imprimeries sous-équipées… Autre défi de taille à relever : le prix de vente de ces journaux dans l’un des pays les plus pauvres de la planète. « Nous sommes dans une période de transition. Certains médias essaient de repousser les limites de ce qui est autorisé. Mais on est évidemment encore très loin des standards du monde démocratique », explique au Monde le rédacteur en chef du Weekly Eleven News Journal.

 

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