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Cannes 2013: les réalisatrices encore trop peu présentes

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Valéria Bruni-Tesdeschi, seule réalisatrice en compétition

La question de la place des femmes au Festival de Cannes est de nouveau soulevée. Parmi les 19 réalisateurs selectionnés en compétition officielle, Valéria Bruni-Tesdeschi est la seule femme retenue pour son film Un Château en Italie.

Le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, a estimé que ce n’était pas de « la faute du festival » si seulement une femme réalisatrice figurait cette année en compétition officielle. « Je ne crois pas que les sélectionneurs fassent exprès de ne pas prendre des films réalisés par les femmes », a-t-il déclaré sur France Inter, soulignant qu’il y avait « des femmes dans d’autres sections de Cannes ». Six réalisatrices, dont Sofia Coppola, la Française Rébecca Zlotowski et Claire Denis, seront en effet en compétition dans la catégorie Un certain regard.

Lors d’une conférence de presse, jeudi 18 avril, le délégué général du Festival et responsable de la sélection, Thierry Frémaux, a anticipé la polémique en évoquant la question de la parité dans le plus célèbre festival de cinéma au monde : « Les œuvres que vous aurez sous les yeux bientôt seront faites par des artistes et des cinéastes dont a priori nous ne préjugeons pas de leur qualité selon qu’elles sont réalisées par des hommes ou par des femmes », a-t-il dit avant d’ajouter : « Le film de Valeria Bruni-Tedeschi n’est pas en compétition parce qu’elle est une femme mais parce que nous l’avons aimé ». 

La colère du groupe d’action féministe La Barbe

Déjà en 2012, la sélection entièrement masculine avait suscité la polémique. Le groupe d’action féministe La Barbe avait manifesté sur la Croisette pour protester contre cette sélection sexiste. Dans un communiqué de presse publié le 18 avril, les activistes se sont à nouveau insurgées : « Bravo! En 2012, la sélection officielle du Festival de Cannes comptait 22 films, tous réalisés par des hommes. Une performance dans la lignée de décennies de sexisme qu’avait saluée une tribune de La Barbe publiée dans Le Monde. Avaient suivi des réactions de nombreuses personnalités politiques, artistiques, médiatiques, ainsi que le soutien et la pétition lancée par des réalisatrices américaines, des semaines de débats et des dizaines d’articles »Le groupe a appellé les organisateurs du Festival ainsi que les responsables politiques à prendre « enfin la mesure de la domination masculine qui règne dans ce secteur et agissent en conséquence ».

« Les grilles de lecture doivent changer »

Devant cette sélection masculine, Jackie Buet, fondatrice du Festival International de Films de femmes de Créteil, s’interroge: « Comment est composé ce comité de sélection et quelles sont leurs grilles et leurs critères de sélection ?»« Ils n’ont pas le regard assez large pour s’intéresser au contenu des films des femmes, que je trouve extrêmement intéressant et talentueux» regrette-t-elle. Cette nouvelle polémique montre que  « le cinéma fonctionne comme un réseau qui exclut les femmes, révélant le côté machiste de la profession».  Pour Jackie Buet, il ne s’agit pas de créer « une obligation de quotas »,  mais il faut que « les grilles de lecture du cinéma changent car il est important d’intégrer de nouveaux regards de réalisatrices, les nouveaux thèmes qu’elles développent ». 

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