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Cinq peuples autochtones en danger

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Les Guarani du Brésil

À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans, les Guarani furent parmi les premiers peuples à être contactés.

Ils sont aujourd’hui environ 46 000 au Brésil, répartis dans sept Etats, ce qui fait d’eux la plus nombreuse population indigène du pays. De nombreuses autres communautés guarani vivent sur les terres voisines du Paraguay, d’Argentine et de Bolivie.

Depuis des temps immémoriaux, les Guarani sont en quête de la «terre sans mal», un lieu révélé par leurs ancêtres où ils pourront vivre sans douleurs ni souffrances.

Au cours des siècles, les Guarani ont parcouru de grandes distances à la recherche de cette terre.

Un chroniqueur du XVIe siècle notait leur « volonté permanente de chercher de nouveaux territoires où ils imaginent trouver l’immortalité et le repos éternel ».

Cette quête permanente est une caractéristique de la personnalité unique des Guarani, une ‘différence’ souvent remarquée par les étrangers.
Aujourd’hui, cela se manifeste de manière bien plus tragique : profondément affectés par la perte de la presque totalité de leurs terres, les Guarani connaissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.

Alors qu’ils occupaient autrefois un territoire de près de 350 000 km2 de forêts et de plaines, ils s’entassent aujourd’hui sur de petites parcelles de terres encerclées par les fermes d’élevage et les vastes plantations de soja et de canne à sucre. Certains n’ont aucun territoire et vivent dans des campements de fortune le long des routes.

Les Peuples de la Vallée de l’Omo, en Ethiopie

La vallée inférieure de l’Omo, au sud-est de l’Ethiopie, est habitée par huit peuples différents dont la population représente environ 200 000 personnes qui vivent sur ces terres depuis des siècles.

Les Bodi (Me’en), les Daasanach, les Kara (ou Karo), les Kwegu (ou Muguji), les Mursi et les Nyangatom vivent le long de l’Omo et en dépendent étroitement. Ils ont développé au cours des siècles des pratiques socio-économiques et écologiques complexes adaptées aux conditions climatiques difficiles et imprévisibles de cette région semi-aride.

Les peuples de la vallée inférieure de l’Omo souffrent de la perte progressive d’accès et de contrôle de leurs terres depuis de nombreuses années. Deux parcs nationaux créés dans les années 1960 et 1970 les empêchent de disposer des ressources essentielles à leur survie qui s’y trouvent. Les touristes peuvent y chasser le gibier au cours de safaris alors même que les résidents indigènes n’en ont pas le droit, ce qui entraîne de graves problèmes de malnutrition.

En juillet 2006, le gouvernement éthiopien a signé un contrat avec la compagnie italienne Salini Costruttori pour la construction de Gibe III, le barrage hydroélectrique le plus important de tout le pays. Il n’a été lancé aucun appel d’offre pour le contrat, en violation avec la législation éthiopienne.

Le barrage bloquera la partie sud-ouest de l’Omo qui s’étend sur 760 km depuis les hautes terres d’Ethiopie jusqu’au lac Turkana au Kenya. La vallée inférieure de l’Omo est un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco en raison de son importance géologique et archéologique. L’Omo s’y écoule dans les parcs nationaux Mago et Omo, où vivent plusieurs peuples indigènes.

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Les Jarawa des Îles Andaman

On pense que les ancêtres des Jarawa et des autres tribus des îles Andaman ont fait partie des premières migrations humaines parties d’Afrique. Plusieurs centaines de milliers de colons indiens vivent maintenant sur ces îles, dépassant largement en nombre les tribus indigènes.

La principale menace qui pèse sur les Jarawa est l’invasion de leur territoire qui a commencé dans les années 1970 avec la construction d’une grande route traversant leur forêt. La route amène des colons, des braconniers et des bûcherons au cœur même de leur territoire.

Cette invasion expose les Jarawa à des maladies contre lesquelles ils ne sont pas immunisés et créé une dépendance vis-vis du monde extérieur. Les braconniers dérobent le gibier dont les Jarawa dépendent et il est rapporté de nombreux cas d’exploitation sexuelle de femmes jarawa.

Les Sentinele vivent sur leur propre petite île, Nord Sentinele, et continuent de résister à tout contact avec le monde extérieur, attaquant tous ceux qui s’approchent d’eux. Ils firent la une des médias au lendemain du tsunami de 2004 lorsqu’un des membres de la tribu fut photographié en train de tirer des flèches sur un hélicoptère.

Comme les Jarawa, les Sentinele chassent et cueillent dans la forêt et pêchent le long des côtes. Ils vivent dans de longues maisons communautaires à plusieurs foyers et se servent de pirogues à balancier pour voyager autour de leur île.

Le gouvernement indien a fait plusieurs tentatives infructueuses pour établir un contact ‘amical’ avec les Sentinele. Tout contact avec ce groupe pourrait certainement avoir des conséquences tragiques étant donné que leur isolement les rend vulnérables face à des maladies contre lesquelles ils n’ont aucune immunité. Le gouvernement a décidé que désormais il n’essaiera plus d’entrer en contact avec eux.

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Les Indiens isolés du Pérou

Il existe une quinzaine de groupes isolés au Pérou. Ils habitent tous dans les régions les plus reculées de la forêt amazonienne. Parmi eux figurent les Cacataibos, les Isconahua, les Matsigenka, les Mashco-Piro, les Mastanahua, les Murunahua (ou Chitonahua), les Nanti et les Yora.

Tout ce que nous savons sur ces Indiens confirme qu’ils ne souhaitent aucun contact avec le monde extérieur. Dans les très rares occasions où ils ont été aperçus ou contactés, ils ont clairement manifesté leur intention d’être laissés en paix.

Ils réagissent parfois avec agressivité pour défendre leur territoire ou bien ils laissent des signes de mise en garde contre toute approche. La plupart de ces Indiens ont par le passé été victimes de violences extrêmes et de maladies transmises par les étrangers. Pour nombre d’entre eux, cette souffrance est toujours d’actualité. Ils ont donc de très bonnes raisons de refuser le contact.

Tous ces peuples sont confrontés aux graves menaces qui pèsent sur leurs terres, leur mode de vie et leur existence même. Si l’on n’agit pas d’urgence, ils disparaîtront. La législation internationale reconnaît le droit à la terre des peuples indigènes et leur droit d’y vivre comme ils le souhaitent. Cette législation n’est respectée ni par le gouvernement péruvien ni par les compagnies qui envahissent les terres indigènes.

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Les Bushmen du Botswana

Les Bushmen représentent une population d’environ 100 000 personnes dispersées dans plusieurs Etats africains : le Botswana, la Namibie, l’Afrique du Sud et l’Angola où ils vivent depuis des dizaines de milliers d’années.

La Réserve naturelle de gibier du Kalahari central est située au cœur du Botswana; elle avait été créée pour protéger le territoire ancestral des 5000 Bushmen gana, gwi et tsila et de leurs voisins, les Bakgalagadi, ainsi que les animaux sauvages dont ils dépendent.

Au début des années 1980, on découvrit d’importants gisements de diamants dans la réserve. Peu de temps après, des représentants du gouvernement se rendirent dans la réserve et annoncèrent aux Bushmen qu’ils devaient partir en raison de la présence de ces gisements sur leur territoire.

Trois vagues d’expulsion eurent lieu en 1997, en 2002 et en 2005 au cours desquelles la plupart des Bushmen furent chassés de la réserve. Leurs huttes furent démantelées, leur école et leur poste de santé furent fermés, leurs sources d’eau détruites.

Ils vivent actuellement dans des camps de relocalisation situés en dehors de la réserve. Rarement autorisés à chasser, ils sont arrêtés et battus lorsqu’ils sont pris sur le fait et sont devenus dépendants des rations alimentaires distribuées par le gouvernement. Beaucoup d’entre eux sont confrontés à l’alcoolisme, l’ennui, la dépression et à des maladies telles que la tuberculose ou le SIDA.

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