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Keith Haring: la «Political Line» d’un artiste visionnaire

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Keith Haring affectionnait particulièrement Paris. Il y a séjourné, travaillé, et a même présenté son travail aux côtés de Jean-Michel Basquiat lors de l’exposition Figuration Libre France/USA au Musée d’Art Moderne de Paris en 1984. Trente ans plus tard, ce même musée rend hommage à l’icône du Pop Art, en se concentrant sur son engagement politique dans sa démarche artistique, sa « political line ».

Des thèmes toujours d’actualité

On le connaît surtout pour ces signes emblématiques, ses couleurs vives et ses tee-shirts vendus dans le monde entier, mais moins pour ses prises de position critiques. C’est à partir du journal de l’artiste, que les commissaires de l’exposition ont extrait les différents thématiques sur lesquelles reposent le parcours de l’exposition. Ces thèmes, qui préoccupaient l’artiste dans les années 80, comme le racisme, le nucléaire, l’environnement, la question de l’homosexualité, l’ère du mass media et l’épidémie du sida – dont il a succombé en 1990 – demeurent d’actualité. « Ses œuvres nous concernent encore aujourd’hui », explique Odile Burluraux, commissaire de l’exposition. « Regarder ses œuvres réveille nos consciences, et pas seulement celles des Américains des années 1980 », poursuit-elle.<!–jolstore–>

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Accessible à tous

Né en 1958 en Pennsylvanie, Keith Haring débarque à New York  en 1978. Grâce à ses graffitis dans les rues de la Grosse pomme, il se fait repérer et voit son travail exposé dans les plus grandes galeries. En utilisant la rue et l’espace public – les réverbères, les voitures ou les murs de la ville -, Keith Haring entend rendre son art accessible à tous. A l’aide d’une craie blanche, l’artiste réalise, de 1980 à 1985, entre 5000 et 10 000 dessins dans le métro new-yorkais – chiffre approximatif puisque, dans leur grande majorité, ils ont été recouverts par des publicités. Il y a ses fameux « subway drawings » mais également des sculptures, des dessins, des peintures, porteurs de messages militants pour plus de justice sociale et de liberté individuelle. Cet art public, non élitiste, passe aussi par une technique du dessin résolument simple : un trait, une ligne, qui parlent à chacun.

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Un art commercial, et alors ?

Souvent qualifié d’artiste commercial, Keith Haring a « fait exploser toutes les barrières », estime Odile Burluraux : « Il a fait rentrer la question de l’argent de façon beaucoup plus visible dans le milieu de l’art ». A partir de 1985, l’artiste commercialise ses propres produits dérivés dans sa boutique Pop Shop à Manhattan et lance la vente, aujourd’hui répandue, des produits dérivés dans les musées et expositions. « Aujourd’hui, presque toutes les expositions proposent d’acheter un mug, une montre ou un foulard… », souligne la commissaire de l’exposition. C’est en allant au Japon que l’artiste se rend compte qu’il y existe des contrefaçons de ses œuvres : il décide, alors, de faire la même chose en dérivant des produits de son art. « Il a assumé ce choix, qui était très critiqué à l’époque. En 1985 cette idée était incomprise par la presse et le milieu de l’art qui l’a accusé de faire un art commercial alors que, lorsqu’on se penche sur son travail, on voit qu’il a toujours eu un engagement profond par rapport aux questions de société », poursuit Odile Burluraux.

Emporté par la maladie à l’âge de 31 ans, cet artiste visionnaire a influencé les artistes et la société, en soulevant des questions qui sont toujours sans réponse aujourd’hui. 

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