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Le combat des Iraniennes expliqué par Maryam Radjavi

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En ce début de l’année iranienne, Norouz, la parution d’un ouvrage inédit sur le combat des femmes Iraniennes pour l’égalité suscite l’intérêt. « Les femmes contre l’intégrisme », de Maryam Radjavi, (Edition Jean-Claude Gawsewitch) est un essai sur le parcours des Iraniennes du début du siècle dernier à nos jours. Depuis leur participation massive à la Révolution constitutionnelle de 1906, qui aboutit à la mise en place du premier Parlement et d’une constitution pour le pays, avec l’ouverture des écoles de filles et la création des premières associations et publications féminines. Jusqu’au sursaut émancipateur et inédit des femmes dans la Résistance iranienne qui choisi, dès 1985, une action volontariste en confiant exclusivement aux femmes la responsabilité de son conseil de direction.


La préface de l’anthropologue Françoise Héritier


On peut lire dans la préface de l’éminente anthropologue Françoise Héritier que « Maryam Radjavi dresse un tableau convaincant de la vision intégriste, dans lequel la valeur absolue se situe dans le comportement sexuel des individus, les femmes étant considérées comme la source du péché et du mal. Mais elle souligne que, sur les 6200 versets du Coran, 500 seulement traitent de la loi, dont 10 des ‘’grands péchés’’.


« Pour l’intégrisme iranien, le péché sexuel fournit la justification substantielle à toutes les formes de répression sous le contrôle du Département de lutte contre le vice : humiliations, exécutions, sévices, apartheid sexuel et à l’égard des femmes plus spécifiquement, circulation sous contrôle, code vestimentaire, défiguration, viol systématique en prison, vente de fillettes, prostitution aggravée, lapidation, polygamie, mariage provisoire, privation du droit de divorce et de garde des enfants, privation du droit choisi au travail et à l’éducation… et, naturellement, privation ‘’par nature’’ de droits juridiques fondamentaux (héritage, témoignage, etc.) et de l’accès au pouvoir sous toutes ses formes. »


Une condition nécessaire à l’exercice de la démocratie


Selon l’auteur, qui est également la dirigeante du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI, une coalition de l’opposition), cette hystérie misogyne des mollahs est en réalité le véhicule, l’élément constitutif, d’une répression généralisée qui, tout à la fois, sert de justification à la dictature religieuse et lui permet de mettre en place les structures répressives assurant son maintien au pouvoir. « Lutter pour l’émancipation des femmes est donc la condition incontournable de la libération de l’Iran. Plus généralement, lutter pour l’émancipation des femmes est une condition nécessaire à l’exercice de la démocratie. »


« Fort de cette réflexion, le mouvement de résistance iranien a, en son sein, depuis plus de trente ans, expérimenté des méthodes et des procédures allant dans le sens d’une véritable égalité entre hommes et femmes. Loin de se contenter de vœux pieux et de bonnes intentions, l’ensemble du mouvement, conscient d’être condamné à échouer dans sa lutte pour la démocratie sans la mise en place pratique et effective de rapports d’égalité, a initié un programme unique d’émancipation des femmes. »


Un mouvement de résistance dirigé par des femmes


Aujourd’hui, le monde est confronté à l’intolérance et à l’extrémisme religieux, notamment le Moyen-Orient et les pays du continent africain. Ce phénomène archaïque cible d’abord les nations musulmanes mais il est devenu une menace pour l’ensemble de la communauté internationale. Il rend difficile la marche vers la liberté et la démocratie des nations qui ont déclenché le printemps arabe. La profondeur de vue et la confiance que nous constatons chez les résistantes iraniennes démontrent qu’elles ont beaucoup de choses à nous apprendre au bout de trente années de combat contre l’intégrisme le plus cruel.


Bien avant le printemps de leurs frères et sœurs arabes, elles ont traversé les pièges tendus par l’islamisme et le khomeynisme, elles ont dû affronter un apartheid sexuel et ont compris que pour stopper ce phénomène, il ne faut pas capituler ni rechercher la complaisance mais bien qu’il faut lutter. Dans ce combat, elles ont beaucoup sacrifié. En osant, elles se sont transformées en une antithèse de l’intégrisme dans leur pays.

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