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Le libéralisme, une menace contre la morale publique

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Au moment où l’affaire Jérôme Cahuzac fait couler beaucoup d’encre en France, où le président Nicolas Sarkozy est mis en examen dans l’affaire Bettencourt après les déboires judiciaires de son prédécesseur Jacques Chirac, d’aucuns ne peuvent rester indifférents à la nécessité de la morale en politique. Confronté à un tel foisonnement d’affaires amorales touchant au premier des acteurs politiques, on est contraint de prendre des mesures idoines. Dans la négative, ce sera laisser la porte grand ouverte à la montée de partis extrémismes en Europe.

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L’autorité morale

Les partis politiques ont un rôle déterminant dans la moralisation de la vie politique. Leur finalité ne doit pas seulement consister à s’adapter à une quelconque conception plus ou moins libérale. Ils doivent surtout défendre la politique menée ou à mettre en place, contre la montée du chômage. Car, il est en effet toujours nécessaire, pour les acteurs politiques, de rendre des comptes aux électeurs dont il faut garder la confiance, surtout en période de crise. C’est ce que semblent ignorer les militants des deux principaux partis politiques français, ouvrant ainsi un grand boulevard au Front National de Marine Le Pen et au Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon en matière d’éthique et de morale.

Dans le passé, seul Lionel Jospin a su prendre en compte l’exercice de démocratie militante. Ses résultats en 1995 au second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac a impulsé un processus de rénovation qui s’est appuyé à la fois sur un « droit d’inventaire » des années Mitterrand et sur la revendication d’un « réalisme de gauche ». L’autorité morale de Lionel Jospin a permis un apaisement interne favorable à un travail politique dans les domaines programmatique, stratégique et structurel. François Hollande doit impérativement, dans la pratique politique, se distinguer de ses prédécesseurs.

De la morale individuelle à la morale commune

Toutes les populations ont le droit de maintenir leurs spécificités et leurs pratiques, d’autant plus que la vie sociale est faite de différences garanties grâce à la nouvelle laïcité européenne dans les États-nations. Effectivement, la nation est le résultat d’un processus, d’une dynamique, et de l’évolution d’un phénomène historique.On ne doit donc pas faire abstraction du développement d’une morale, commune à toues les États-nations d’Europe, respectant la tradition propre de l’héritage culturel de chaque pays.

Il est évident qu’il ne pourra y avoir de peuple européen sans morale publique européenne commune. De la même façon, il ne pourra y avoir seulement une Europe technocratique peuplée de citoyens apolitiques et différenciés. « Il n’y aura jamais de liberté s’il n’y a pas de morale individuelle », affirmait John Locke. « Les vertus publiques ne sont que l’expansion des vertus privées », ajoutait Maximilien de Robespierre. La morale publique européenne devra être laïque.

Des valeurs non marchandes

En Europe, constate-t-on, seule la culture politique sociale-démocrate met en œuvre des moyens appropriés dans l’espoir d’endiguer et de combattre le chômage de masse, la marginalisation, l’exclusion et la misère. A contrario, à cause du système libéral, l’apartheid social ne cesse de s’amplifier. Pour enrayer ce fléau, les sociétés européennes doivent débattre de leur devenir et définir des priorités à défendre : d’où la nécessité de réfléchir à la portée politique des orientations à prendre, autant qu’aux moyens à mettre en œuvre.

Face au primat de l’économie libérale, des valeurs non marchandes et morales, éthiques et humaines, doivent retrouver une place prioritaire en Europe et dans le monde. Il faut à tout prix éviter qu’elles restent encastrées dans un système sans morale. Si rien n’est entrepris dans ce sens, ces valeurs dépendront toujours d’un néocapitalisme généralisé, où tout est permis, qui se déploie dangereusement à l’échelle mondiale. Ainsi la pensée à long terme – large, historique, sociale et humaniste – qui s’enracine dans la grande tradition de la véritable économie politique, sera-t-elle étouffée, oubliée, voire définitivement bannie.

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