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Massacre dans la prison de Carandiru: 23 policiers coupables

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Une bagarre qui se transforme en rébellion

C’était il y a plus de vingt ans. Une émeute éclate dans un centre pénitencier surpeuplé de São Paulo. La bagarre, qui se transforme en rébellion dans le pavillon 9 de la prison, est réprimée par les troupes de la police militaire, qui abattent les détenus dans leur cellule. Ce 2 octobre 1992, cent onze prisonniers sont tués par balles. C’est le plus grand massacre de l’histoire du Brésil dans un centre pénitencier.

Une semaine après l’ouverture du procès, le 15 avril dernier, 23 policiers ont été condamnés à 156 ans de prison pour le meurtre de 13 détenus lors du massacre de Carandiru. Dans quelques mois, la justice brésilienne devra se pencher sur le cas de 53 autres policiers militaires, accusés de l’éxecution de 96 détenus, dans les autres étages du pénitencier.

« L’impunité du passé »

Atila Roque, directeur du bureau d’Amnesty International au Brésil espère que ce « procès marque un tournant dans l’histoire ». « Pendant des années, le fait que les responsables présumés du massacre de Carandiru n’aient pas été traduits en justice a fait planer une ombre sur le pays tout entier. Nous espérons que l’impunité est finalement sur le point de prendre fin » explique-t-il dans un communiqué de presse d’Amnesty International.

Pour l’ONG, les policiers qui ont participé à la répression  ne sont pas les seuls impliqués dans le massacre. Selon elle, les responsables de la sécurité publique de l’État de São Paulo et l’ancien gouverneur de l’État doivent également être jugés.

Des actes meurtriers tardivement punis

« Il ne fait aucun doute qu’il y a eu un recours excessif à la force à Carandiru et il existe des éléments probants renforçant fortement les soupçons selon lesquels la police aurait procédé à des exécutions extrajudiciaires », a souligné le directeur d’Amnesty International Brésil. « Qu’il s’agisse de négligence ou de complicité, le système judiciaire a fait preuve d’indifférence, voire d’un mépris total envers le concept de justice et les droits de ceux qui ont été tués sauvagement et sans vergogne à Carandiru », a-t-il poursuivi.

Jusqu’à maintenant, seul Ubiratan Guimarães, celui qui avait commandé l’opération à Carandiru, avait été condamné à 632 années de prison en juillet 2001. Il avait finalement été acquitté en février 2006 – la Cour Suprême ayant estimé qu’il avait suivi les ordres de sa hierarchie – mais fut assassiné quelques mois plus tard.

Un système pénitentiaire en crise

La prison de Carandiru, qui détenait le double de sa capacité originelle au moment du massacre, a été détruite en 2002. Mais, d’après Amnesty International Brésil, la situation du système pénitentiaire s’est encore dégradée au cours des vingt dernières années qui ont suivi le massacre : des prisons surpeuplées et insalubres… D’après les chiffres du ministère de la Justice, la population carcérale au Brésil est passée de 114 377 détenus en 1992 à 514 582 en 2011. 

Découvrez l’histoire du pénitencier de Carandiru :

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