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Mohammed VI, un descendant de Mahomet à la tête du Maroc

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Après avoir été le premier invité de l’Elysée, après l’élection de François Hollande, le roi Mohammed VI recevra son homologue français, mercredi 3 avril, pour une visite d’Etat consacrée aux intérêts économiques qui unissent les deux pays.

François Hollande rencontre un descendant de Mahomet

Des deux côtés de la Méditerranée, le royaume chérifien de Mohammed VI et la France ont toujours entretenu de très bonnes relations. Ces dernières années, si les accords commerciaux se sont quelque peu réduits, François Hollande et Mohammed VI semblent déterminer à renouer l’un avec l’autre ; plusieurs juteux contrats sont ainsi déjà en cours d’élaboration.

Né le 21 aout 1963 à Rabat, Mohammed VI est le fils de Hassan II du Maroc, décédé une semaine avant qu’il ne lui succède, le 23 juillet 1999 et de Lalla Latifa.

22ème roi de la monarchie chérifienne du Maroc, il n’est que le troisième à porter le titre de « roi ». Mohammed VI est le descendant d’une dynastie alaouite, une dynastie de chérifiens qui, selon la tradition, sont les descendants de Mahomet.

A 11 ans, ambassadeur marocain pour les funérailles de Georges Pompidou

A 4 ans, il entre au Collège royal de Rabat et obtient son certificat d’études primaires le 28 juin 1973, puis son baccalauréat en 1981.

Mohammed VI entame immédiatement des études de droit et obtient un DEA de droit public en 1988. Durant ces années d’études, il est également nommé par son père pour coordonner les bureaux et services de l’Etat-major des Forces armées royales. Quelques années plus tard, en 1993, il obtient le titre de docteur en droit à l’université de Nice Sophia-Antipolis.

Sa première expérience «  de terrain » l’emmène à Bruxelles, auprès de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne. Il effectue son premier stage officiel bien qu’il ait, depuis son plus jeune âge, été envoyé comme représentant de la monarchie auprès de nombreux chefs d’Etat.

Alors qu’il n’a que 11 ans, en 1974, il est notamment envoyé pour représenter son père lors des funérailles du président français, Georges Pompidou. En 1989, c’est également lui qui représente le Maroc lors des obsèques de l’empereur japonais Hirohito.

Un royaume uni après le décès d’Hassan II

Le destin de Mohammed VI, tracé depuis sa naissance, bascule le 23 juillet 1999 lorsque son père, Hassan II meurt après 38 ans de règne.

Inhumé le 25 juillet 1999, les funérailles d’Hassan II sont l’occasion de grandes manifestations de ferveur dans tout le pays. La monarchie chérifienne est alors célébrée et jusqu’à trois millions de personnes entourent la famille royale à cette occasion. Mohammed VI est intronisé le 30 juillet 1999.

Après avoir traversé de nombreuses crises et une tentative de coup d’Etat, Hassan II laisse à son fils un royaume apaisé, uni et qui doit désormais emprunter la voie de la modernisation et de la justice sociale.

Développer le royaume

C’est ce à quoi s’attachera Mohammed VI pendant son règne. Lorsqu’il accède au trône de son père, le Maroc est classé à la 130ème place pour le développement économique et social. Pourtant, si de nombreux espoirs sont suscités par l’avènement de ce nouveau roi, Mohamed VI devra se confronter à des enjeux de taille, notamment sur la question du Sahara occidental, sujet qui anime la société marocaine, et à une opposition très unie pour arriver à ses fins.

Sur le plan extérieur, Mohammed VI n’a pas joué le jeu diplomatique de son père, qui s’était fortement investi dans le conflit israélo-palestinien. Le roi du Maroc est resté concentré sur la scène méditerranéenne et a, en quelques années, construit des liens durables avec l’Espagne et le Maroc.

Aujourd’hui, l’Espagne est devenue le premier partenaire commercial du Maroc tandis que la France est aujourd’hui le premier bailleur de fonds de la monarchie ainsi que le premier investisseur, notamment grâce à ses 750 entreprises qui emploient plus de 140 000 personnes.

Un survivant du Printemps arabe

Avec son voisin algérien, si les relations sont parfois tendues, Mohammed VI partage néanmoins un point commun, celui d’avoir échappé à la vague des Printemps arabe de 2011.

Alors qu’en Tunisie, en Libye ou en Egypte, les révolutions et coups d’Etat se sont succédé, laissant aujourd’hui la place à de nouveaux régimes et gouvernements, le Maroc et l’Algérie, s’ils ont subi quelques secousses, sont toujours debout.

Lors de toutes les révolutions arabes, c’est un évènement isolé qui a provoqué une réaction, qui a ensuite provoqué un deuxième évènement pour enclencher un mouvement de plus grande ampleur. Au Maroc, ce premier évènement isolé n’a jamais eu lieu. Ce n’est que plus d’un mois après le début des manifestations en Tunisie que les premiers appels à manifester ont été lancés au Maroc. Ces appels n’ont eu que peu d’écho jusqu’à ce que le 20 février soit choisi comme date pour la grande manifestation qui allait unifier le peuple : « La Journée de la dignité ».

Plus de justice sociale et plus de libertés

Les manifestants appelaient à un changement politique et à des réformes constitutionnelles, à la fin de la corruption dans l’entourage du roi, à plus de justice sociale, à plus de liberté.

Au lieu de mettre son royaume en état d’alerte pour mater ce qui aurait pu constituer les prémices d’une révolution, Mohammed VI a choisi la voix de la sagesse. Quelques jours avant ce 20 février, le gouvernement, par la voix de son porte-parole Khalid Naciri, a déclaré à l’agence MAP : « Le Maroc s’est engagé il y a longtemps dans un processus irréversible de démocratie et d’élargissement des libertés publiques. […] Que les citoyens s’expriment librement ne nous troublent nullement. »

Une monarchie constitutionnelle

Le 20 février 2011, plusieurs milliers de manifestants s’étaient donc rassemblés dans les principales villes du pays. Plusieurs bâtiments furent pillés ou incendiés et 120 personnes interpellées puis jugées. Selon le gouvernement, 128 personnes, dont 115 membres des forces de l’ordre, furent blessées.

Le message des manifestants arriva aux oreilles du roi. Le 9 mars, Mohammed VI annonçait la formation d’une commission chargée de réfléchir à des réformes constitutionnelles, qui devraient conduire à l’établissement d’une monarchie constitutionnelle.

C’est ainsi que le gouvernement a pris le contrôle du mouvement, en répondant aux attentes du peuple et en évitant que le Printemps arabe ne s’étende au territoire national. 

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