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Pakistan: des élections législatives sous la menace des talibans

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Les élections législatives auxquelles s’apprêtent à participer les Pakistanais sont historiques. Historiques car pour la première fois de son histoire, le Pakistan élira un Parlement au terme du premier mandat complet de cinq ans achevé par un gouvernement civil.

Des élections historiques

Habitué des coups d’Etat, le Pakistan apprend la démocratie. Pourtant, à quelques semaines des élections du 11 mai, un autre élément pourrait bien mettre de nouveau à mal la construction du pays. Les talibans pakistanais, réunis au sein du mouvement Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) semblent déterminer à ruiner ces élections et parvenir à prendre le pourvoir difficilement acquis à la cause laïque.

Cette volonté n’est pas nouvelle et depuis 2007, ces talibans seraient notamment responsables d’une vague sans précédent d’attentats qui auraient fait plus de 5700 morts dans tout le pays.

Mais, à l’heure du vote, la menace se fait plus dangereuse et les candidats sont nombreux à être menacés.

Laïc, un candidat est abattu par les talibans

Fakhrul Islam, 46 ans, candidat du Muttahida Qaumi Movement (MQM, laïc), est le premier candidat à avoir payé de sa vie son engagement pour la cause laïque au Pakistan.

Ce candidat du principal parti représentant des « Mohajirs », ces musulmans qui ont choisi d’émigrer vers le Pakistan à la suite de la partition des Indes britanniques en 1974 a été tué, jeudi 11 avril.

Fakhrul Islam a été tué de quatre balles dans la tête par des hommes circulant en moto, alors qu’il quittait son commerce familial à Hyderabad.

Il est le premier candidat de cette campagne, qui a débuté il y a quelques semaines, à être la victime des talibans, mais il n’est pas le seul à figurer sur la liste des terroristes, qui, avant le meurtre de Fakhrul Islam, avaient annoncé vouloir s’attaquer aux trois partis laïcs qui forment la coalition sortante.

L’ancien président menacé de mort

Sur cette liste, le nom de l’ancien président pakistanais, Pervez Musharraf, figure également en très bonne position.

Après quatre années passées en exil, l’ancien président est revenu au Pakistan pour participer à ces élections historiques et ce malgré la menace qui pèse sur lui, les talibans ayant annoncé auparavant vouloir le tuer dès son retour en terre pakistanaise.

Dès le 23 mars, le TTP avait ainsi annoncé avoir « préparé un commando de kamikazes spécialement pour Musharraf ».

Pervez Musharraf est un habitué de ces tentatives d’attentat. Au pouvoir entre 1999 et 2008, l’ancien président a survécu à trois tentatives menées par des groupes islamistes.

Un mouvement constitué de 40 groupuscules terroristes

Les membres de Tehreek-e-Taliban Pakistan reprochent notamment à Pervez Musharraf d’avoir instituer l’alliance actuelle qui unit le Pakistan et les Etats-Unis, à la suite des attentats du 11 septembre.

Principale mouvance des talibans pakistanais, le TTP a été constitué à la fin de l’année 2007 et a réuni une quarantaine de groupuscules issus du nord-ouest du pays. Ils sont aujourd’hui très implantés dans toutes les régions tribales du Pakistan, région dans laquelle vivait Oussama Ben Laden, et donc de nombreux habitants sont restés très attachés à l’héritage.

Depuis plusieurs années, des opérations militaires pakistanaises en cours dans la région auraient cependant bien affaibli ce mouvement.

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