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Présidentielle: combien feraient Le Pen et Mélenchon au premier tour?

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Depuis le 22 avril dernier, date du 1er tour de l’élection présidentielle, beaucoup d’événements se sont déroulés dont l’incidence pourrait donner la part belle aux partis extrêmes : les mises en gardes incessantes de Bruxelles et de la Cour des comptes sur les déficits publics de la France, l’abandon de l’objectif des 3% de déficit en 2013 promis par le chef de l’Etat, un taux du chômage record, des entrepreneurs en colère, un pacte de compétitivité qui ne convainc ni à gauche ni à droite, le scandale de l’affaire Cahuzac…

Si la crise n’est pas étrangère à la dégradation de la situation, force est de constater que cette première année de quinquennat n’est pas une réussite pour le chef de l’Etat qui voit sa cote de popularité chuter de plus en plus dans les enquêtes d’opinion.

Une Marine Le Pen qui monte, qui monte, qui monte…

Et pendant ce temps-là, après une élection faite de tricheries et de querelles assassines, l’ancien parti de la majorité ne se remet pas de l’échec de Nicolas Sarkozy et peine à se trouver un leader légitime. Jean-François Copé est accusé d’avoir volé sa victoire à la présidence de l’UMP ( cf. lire Le coup monté, de Carole Barjon et Bruno Jeudy – Plon), François Fillon ne parvient pas à faire entendre sa voix, quant à Nathalie Kosciusko-Morizet ou Bruno Le Maire, leur indécision autour de la question du mariage homosexuel en a déçu plus d’un à droite.

Une situation qui fait apparaître Marine Le Pen comme une vraie figure d’opposition pour une grande partie des Français. Une majorité d’entre eux estiment, en effet, que la présidente du Front national est « courageuse » (65%) et qu’elle « comprend bien les préoccupations des Français » (53%), selon un sondage Harris Interactive pour LCP publié le 15 avril dernier. Des chiffres qu’il est difficile d’ignorer.

Jean-Luc Mélenchon a le vent en poupe

Mais dans le peuple de gauche aussi la colère gronde. Le plan compétitivité et emploi de Jean-Marc Ayrault a attiré de nombreuses critiques à la gauche de la gauche. « Pourquoi parle-t-on toujours du prix du travail et jamais du prix du capital ? », s’interrogeait alors Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche. « Comment se fait-il que, dans notre pays, on paye deux fois plus d’argent aux actionnaires qu’on en donne en cotisations sociales aux travailleurs ? » Un sentiment que de nombreux électeurs de François Hollande semblent partager.

Par ailleurs, en 2012, plus de 200 sites ont fermé leurs portes, soit 42% de plus qu’en 2011. « Le mois de janvier, avec les annonces de Renault puis de Goodyear, a été le plus mauvais en termes de suppressions d’emplois depuis que nous collectons des données », a expliqué la société Trendeo, qui traque les annonces de création et de destruction d’emplois. Pour Jean-Luc Mélenchon, l’occasion est trop belle, il faut la saisir. Aussi a-t-il appelé à une manifestation le 5 mai, jour anniversaire du second tour de la présidentielle, pour promouvoir « la VIe République » et donner un « grand coup de balai », après la crise créée par l’affaire Cahuzac. Et il est fort à parier que les Français seront nombreux à répondre à son appel.

Et si le 1er tour avait lieu aujourd’hui ?

Le 22 avril dernier, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon obtenaient respectivement  17,90% et 11,10% des voix. Si on ajoute les voix de Nicolas Dupont-Aignan à la candidate du FN et celles de Philippe Poutou et Nathalie Arthaud au coprésident du Parti de gauche, on peut dire que ces deux grandes familles recueillaient 32,5% des suffrages exprimés. En prenant en compte le contexte évoqué ci-dessus, quel pourrait-être le score des extrêmes en cas d’élection présidentielle ?

Si le 1er tour de la présidentielle avait lieu ces jours-ci, Nicolas Sarkozy, avec 30% des voix, devancerait François Hollande et Marine Le Pen avec 22% chacun, selon une enquête Ifop-Fiducial-Europe 1, parue le 17 avril. Interrogés sur le choix qu’ils feraient aujourd’hui parmi les dix candidats de 2012, 11% des Français ont cité Jean-Luc Mélenchon. La véritable bénéficiaire de la crise morale, politique, sociale et économique que traverse le pays semble donc bien être la présidente du Front national.

Si ces sondages reposent sur un postulat improbable, les chiffres sont intéressants à étudier. Marine Le Pen surfe sur la vague des contestations mais tiendra-t-elle les quatre années à venir ? Prochain test, les municipales en mars prochain. A vos marques, prêts…

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