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Salles de shoot: les opposants à l’expérimentation s’organisent

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La votation populaire sur la salle de consommation de drogue qui devrait s’implanter autour de la gare du Nord, à Paris, organisée à l’initiative de Serge Federbusch, un élu UMP, a attiré dimanche 14 avril de nombreux Parisiens, venus pour la plupart dire leur refus du projet. Au total, 296 personnes se sont déplacées, 280 se sont exprimées contre le projet et 16 seulement ont voté pour. Entretien avec Serge Federbusch.

JOL Press : Dans quel cadre avez-vous organisé cette votation ?
 

Serge Federbusch : Dans un cadre citoyen. Je suis élu du Xe arrondissement, à partir du moment où la mairie de cet arrondissement refuse de véritablement demander à la population ce qu’elle souhaite vraiment sur ce sujet et se contente de faire de la manipulation, sous forme de décisions prises à l’avance et de réunions d’information qui ont été ficelées d’avance, j’ai décidé d’organiser cette votation, avec les moyens du bord, dans un café, pour donner la parole aux Parisiens.

Nous avons bénéficié de peu de moyens matériels et préavis, nous avons uniquement lancé un communiqué de presse. Nous étions donc très agréablement surpris par l’ampleur de la mobilisation des habitants du Xe arrondissement. Essentiellement par le bouche-à-oreille, environ 300 Parisiens se sont déplacés. Une mobilisation qui a réuni deux fois plus de personnes que la réunion d’information organisée par la mairie, alors même qu’un courrier avait été envoyé à tous les habitants du Xe.

JOL Press : Le maire du Xème arrondissement de Paris, Rémi Féraud, a pourtant parlé d’ « initiative marginale »…
 

Serge Federbusch : Si on est marginal avec deux fois plus de participants que ce qu’il organise lui-même avec tous les moyens de la mairie, je ne sais pas ce qu’il est. Micro, infra marginal ? Je pense pour ma part qu’il est réellement marginal dans l’opinion de la population du Xe arrondissement, sur cette affaire-là.

JOL Press : Sur le principe, que pensez-vous de l’ouverture de ces salles de shoot ?
 

Serge Federbusch : Je suis contre car je pense que ce qu’il faut avant tout c’est mettre des moyens pour aider les gens à sortir de la drogue et pas créer des structures de cantonnement, « mettre la poussière sous le tapis », pour essayer qu’on ne les voit plus. Les salles de shoot ne règlent en aucune manière la toxicomanie. C’est d’ailleurs ce qu’a dit l’Académie nationale de médecine qui, en février dernier, a condamné le principe des salles de shoot.

JOL Press : Le projet d’ouvrir des salles de shoot est pourtant soutenu par Médecins du Monde…
 

Serge Federbusch : Vous trouverez toujours des associations, qui, pour la plupart d’ailleurs, sont subventionnées, soutenir ce projet.si vous demandez à l’association Gaïa-Paris qui organise cette mise en place si elle est d’accord elle vous répondra forcément oui. Nous voulions donner la parole à la population, savoir ce qu’elle en pensait et là le résultat est tout à fait accablant pour la mairie qui dans ce domaine ne veut rien écouter. La mairie a lancé une opération de communication en pensant faire moderne et ça se retourne contre eux, c’est tout.

JOL Press : Pensez-vous que cette votation que vous avez organisée va avoir des conséquences ?
 

Serge Federbusch : J’espère que cette action aura des conséquences. Vous savez si on entre en politique en se disant que chacune de ses initiatives n’aura aucune conséquence, on ne fait rien. Maintenant si la mairie de Paris se renferme sur elle-même, n’accepte rien et persiste dans l’erreur, ils finiront par en payer le prix. Nos actions vont continuer. On a montré que 300 Parisiens qui s’opposaient à ce projet se sont déplacés en très peu de temps, c’est déjà une force. si on avait eu les moyens de la mairie pour informer la population, je suis certain qu’il y aurait eu des milliers de gens qui se seraient déplacés. C’est donc très positif et quand on a ce genre de résultat en politique, on continue le combat bien sûr.

JOL Press : Quelle serait la conséquence la plus grave de cette installation de salle de shoot dans le Xe arrondissement ?
 

Serge Federbusch : Cet équipement ne peut fonctionner uniquement s’il n’y a pas de présence policière, sinon les gens ne vont pas se déplacer car ils auraient peur d’être pris en possession de substances illicites. Or cette salle va être implantée dans un endroit, du côté de Barbès, où il y a déjà toute sorte de trafics et d’insécurité et où la présence policière est au contraire indispensable. Ça ne tient pas la route. C’est totalement contradictoire.

Propos recueillis par Marine Tertrais

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du Xème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d’informations en ligne sur l’actualité politique parisienne. Il a été successivement magistrat administratif, conseiller commercial en Asie, conseiller du maire du Paris pour l’urbanisme et les transports, directeur général de la Société d’économie mixte du Centre de Paris (Halles).

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