C’est un symbole de l’intégrité et de l’honnêteté fiscale qui tombe en Allemagne. Uli Hoeness, président du Bayern Munich et soutien solide du gouvernement, a avoué détenir un compte en Suisse. Un fardeau pour la chancelière Angela Merkel ?
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Les comptes en Suisse refont parler d’eux, mais outre-Rhin. Et c’est l’image même de l’intégrité allemande qui a cette fois-ci fraudé le fisc.
Uli Hoeness, 61 ans, est – était – en Allemagne l’incarnation du riche et honnête citoyen, patriote et « fan d’Angela Merkel ». Mais ce week-end, la presse allemande a révélé que le charismatique et sympathique président du Bayern Munich avait, en janvier, avoué à l’administration fiscale allemande posséder, sur un compte en Suisse, des sommes qui jouaient dans une autre division que celles de Jérôme Cahuzac.
La déception d’Angela Merkel
Ces révélations n’ont pas manqué de « décevoir » la chancelière allemande, qui doit désormais décider si elle encouragera le Bayern ou le Barça ce soir. Car en plus d’être une figure de la propreté fiscale, Uli Hoeness avait à plusieurs reprises soutenu les conservateurs dans leur politique.
« Alors les riches iront en Autriche ou en Suisse et alors on ne tirera rien du tout de leur argent ! » avait-il lâché sur un plateau de télévision pour dénoncer un projet de la gauche radicale d’instaurer un impôt sur les gros revenus.
Plus de 10 millions d’euros en Suisse
Sept mois plus tard, c’est-à-dire il y a quelques jours, « Uli » avoue avoir dissimulé plus de 10 millions d’euros au fisc allemand. L’hebdomadaire Der Spiegel se mord quant à lui les doigts d’avoir récemment posé la question : « La République peut-elle apprendre d’Uli Hoeness ? »
Propriétaire d’une société leader dans la saucisse industrielle allemande, celui qui fut aussi champion du monde, d’Europe et d’Allemagne sous le maillot du Bayern avant d’en prendre les rênes semble finalement avoir succombé à l’appel du secret bancaire helvète. Il dénonçait pourtant la corruption au sein de la FIFA il y a peu.
Un symbole tombe
Certes, Uli Hoeness n’était pas ministre du Budget et que faiblement investi en politique. Il jouissait pourtant d’une réelle notoriété, et son exemplarité aujourd’hui salie fait peut-être tomber les Allemands de bien plus haut que Jérôme Cahuzac n’a pu le faire.
La patron du Bayern a exclu de quitter ses fonctions à la tête du club. « Un Uli Hoeness ne laissera jamais tomber le Bayern, même si je dois m’occuper de la pelouse du stade », avait-il même affirmé il y a plusieurs années.
Angela Merkel fragilisée ?
Quant à savoir si l’affaire éclaboussera le CSU, le parti de la chancelière Merkel ? Difficile à dire, d’autant plus que depuis l’affaire Offshore Leaks, le gouvernement allemand s’est lancé dans une chasse aux fraudeurs fiscaux inquisitoriale.