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«Be my slave»: quand l’esclavage devient fashion

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Dans le monde impitoyable de la mode, une des façons de se faire remarquer, « c’est de faire un shooting de mode si controversé et de si mauvais goût que l’attention des médias est garantie ». 

« Le dernier shooting de la créatrice Aamna Aqeel intitulé « Be My Slave » tombe carrément dans cette catégorie. De toute évidence conçu pour choquer, il montre un modèle servi par un enfant esclave à la peau noire. Les images sont répugnantes à connotation raciste et colonialiste », écrit la bloggeuse pakistanaise Salima Feerasta, dans un article publié par l’Express Tribune.

Dérapages en série

Ce n’est pas la première fois que le milieu de la mode dérape sur des sujets aussi sensibles. En janvier 2012 déjà, un article publié par le magazine Elle sur le « style black » provoquait un tollé : la journaliste, qui proposait une analyse du style vestimentaire des femmes noires, déclarait que « le chic [était] devenu une option plausible pour une communauté jusque-là arrimée à ses codes streetwear », évoquant également les « codes blancs » désormais intégrés par la « black-geoisie ».

Plus récemment, des photos d’une mannequin blanche maquillée en femme noire, publiées dans le magazine Numéro, ont également scandalisé la fashion sphere. Et la marque de vêtements Mango en a remis une couche, avec sa gamme de bijoux « style esclave ».

Le choc des photos

C’est maintenant au tour de la créatrice de mode pakistanaise Aamna Aqeel, qui travaille pour Diva Magazine au Pakistan, de créer la polémique. Sur ses photos (désormais retirées de sa page Facebook), on voit un modèle blanc, à côté d’un enfant noir vêtu d’un simple pagne, qui protège la femme d’une ombrelle, porte son sac, lui tient sa tasse de thé ou dors à même le sol…

Pour le journaliste pakistanais Usama Hamayun, qui publie sur son blog Style Inn, « jouer avec un thème si sensible dans un pays où le racisme et le travail forcé sont des questions cruciales n’est en aucun cas acceptable ou esthétique. Vous pouvez être à la pointe de la mode et repousser les limites, mais ces photos relèvent d’un manque de goût et sont offensantes ».

Lancer le débat sur le travail infantile ?

Aamna Aqeel a déclaré que les photos n’étaient pas racistes et que son intention était de lancer le débat sur le travail des enfants au Pakistan. Quant au choix d’engager cet enfant pour les photos, elle s’est défendue en déclarant qu’elle le « soutenait financièrement et pourvoyait à sa scolarisation ». Celui-ci « travaillait dans un garage et voulait gagner un peu d’argent », selon la créatrice.

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