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Bijoux de famille: la République vend les vins de l’Élysée

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Dans quelques jours, l’Élysée s’apprête à ouvrir ses caves bien gardées où dorment plus de douze mille bouteilles, pour en vendre un dixième, soit 1200, mises aux enchères lors d’une vente confiée à la maison de ventes Kapandji Morhange, à l’Hôtel Drouot à Paris. En janvier dernier, la municipalité de Dijon vendait quelque 3500 bouteilles de Bourgogne, récoltant plus de 150 000 euros – dont 10% devaient être alloués à l’achat de nouvelles bouteilles.

L’excellence du vignoble français…

« Quelle cave, mieux que celle du Palais de l’Élysée, peut symboliser la variété et la richesse de la France des terroirs et exprimer l’excellence de notre vignoble, reconnu comme patrimoine national ? », résume l’hôtel des ventes dans son annonce. La cave présidentielle, créée en 1947 sous la présidence de Vincent Auriol et régulièrement enrichie, cherche désormais à se renouveler, tout en renflouant – légèrement – les caisses de l’État.

Estimations : de 15€ à 2200€ la bouteille

Dans un communiqué, l’Élysée a ainsi déclaré que la chef sommelière, Virginie Routis, qui a sélectionné pour la maison Kapandji Morhange plus d’un millier de bouteilles – avec une prédominance pour le Bourgogne et le Bordelais –  achètera ensuite des vins moins chers, pour que la différence soit reversée au budget de l’État.

La sélection, dont les estimations s’échelonnent de 15€ la bouteille à 2200€ (pour un Petrus 1990), proposera de nombreuses bouteilles accessibles à moins de 100€. De quoi amadouer les petits amateurs comme les grands collectionneurs de vin.

Côté Bourgogne, on trouvera donc des Chablis, Corton et Meursault pour le blanc, et des Richebour, Echézaux ou Romanée-Conti pour le rouge. Côté Bordeaux, la sélection propose des bouteilles de Cheval Blanc, Saint-Estèphe ou Château d’Yquem. D’autres vins de régions (Loire, Rhône, Alsace, Champagne ou Sud-Ouest) seront également mis en vente.

Un grand collectionneur regrette la vente

Mais la décision de l’Élysée n’a pas vraiment plu à certains. Michel-Jack Chasseuil, grand collectionneur et propriétaire d’une cave à vins de prestige dans les Deux-Sèvres, a envoyé samedi une lettre à François Hollande, a rapporté l’AFP.

« Si les bouteilles de l’Elysée, véritable patrimoine de notre pays, peuvent en effet rapporter une belle somme, cela représente un détail dérisoire par rapport au budget de la France, compte-tenu du prestige que représentent ces vins aux yeux du monde entier ! », écrit-il, estimant que l’État n’a pas à « vendre la cave pour sauver le pays ».

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