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Ces affaires crapuleuses passées sous silence par l’Ordre des médecins

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À quoi sert l’Ordre des médecins ? Qui se cache derrière cette institution, née sous le régime de Vichy ? Pour la première fois, une enquête journalistique s’intéresse à la caste très fermée qui règne sur un secteur vital pour les Français : la santé. Elle révèle son incroyable pouvoir sur le quotidien des praticiens (un véritable droit « de vie ou de mort » pour l’exercice de leur métier), comme sur les plaintes des citoyens visant le corps médical, traitées par une justice à deux vitesses.

René Chiche relate aussi les scandales qui compromettent l’Ordre des médecins. Il dévoile ses méthodes et ses ressources financières, brisant enfin l’omerta sur une institution que le grand public connaît très peu. Et, pour le Conseil de l’Ordre, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.<!–jolstore–>

Extraits de Enquête sur les mandarins de la médecine, de René Chiche (Éditions du Moment)

Irène Kahn-Bensaude est fortement embarrassée. Elle refuse de répondre sur un autre dossier qui ternit l’image du Conseil de l’Ordre des médecins depuis plusieurs années : l’affaire Hazout. Vice-présidente du Conseil national de l’Ordre et patronne du conseil départemental de l’Ordre de Paris, Mme Kahn-Bensaude, pédiatre et proche de Michel Legmann, ne souhaite pas s’exprimer sur la récente condamnation du conseil de l’Ordre parisien, intervenue en octobre 2012, par la cour administrative d’appel de la capitale. Dans le cadre du dossier Hazout, nom d’un gynécologue parisien mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur six de ses patientes à la fin de l’année 2007, le conseil départemental de l’Ordre n’avait pas transmis au conseil régional de l’Ile-de-France et à sa chambre disciplinaire les lettres et courriers de plaintes dénonçant les agissements de ce docteur, dont certains remontaient à… 1985 !

Spécialiste reconnu de la médecine de reproduction, Hazout comparaîtra finalement lors d’un procès en assises après la décision de la cour d’appel de Paris du 18 octobre 2012, à peu près au moment où la cour administrative d’appel sanctionnait l’Ordre des médecins de Paris. Pour Me Claude Katz, avocat de plusieurs patientes, « le docteur Hazout a contesté la décision du juge de le renvoyer devant les assises. Il estime que ces femmes étaient consentantes et il a bénéficié d’une indulgence coupable. » Et, contrairement aux affirmations un peu trop assurées de Me Francis Szpiner, défenseur d’André Hazout, qui déclarait le 20 novembre 2007 que « cette affaire n’ira jamais aux assises », un procès aura donc bien lieu, courant 2013.

Car si la première plainte date de 2005, les graves faits qui lui sont reprochés auraient en réalité débuté beaucoup plus tôt. Si elle ne veut pas communiquer sur la condamnation du conseil départemental de l’Ordre de Paris qu’elle préside, le docteur Irène Kahn-Bensaude a néanmoins reconnu dans le quotidien gratuit 20 Minutes du 18 octobre 2012 : « On a reçu des lettres de doléances en 1985 et 1986. Les patientes parlaient de bisous, de mains aux fesses… On lui a demandé de se tenir à carreau. » Apparemment, ces rappels à l’ordre n’auront pas suffi à calmer les ardeurs et les pulsions du gynéco.

Et le nombre de ses victimes ne se limiterait pas aux six patientes : au total, trentecinq femmes se sont insurgées face au comportement intolérable et aux méthodes d’André Hazout. Mais les premiers faits répréhensibles du gynécologue remontant au début des années 1980, il y avait donc prescription pour la plupart d’entre eux. « Pourquoi cette affaire n’avait-elle pas éclaté au grand jour à l’époque ? s’interrogeait notre consœur Jessica Sinnan dans Le Journal des Femmes du 18 octobre 2012. Parce que le Conseil de l’Ordre des médecins semble avoir voulu régler l’affaire en interne. »

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Enquête sur les mandarins de la médecine, Éditions du Moment (18 avril 2013)

René Chiche, journaliste depuis près de 25 ans, après avoir travaillé pour les groupes Ayache et Hachette-Filipacchi, a été rédacteur en chef et producteur délégué de magazines pour la Cinquième et France 5. Depuis quelques années, il dirige son agence de presse.

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