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Ces OGM que nous consommons sans savoir

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L’étude du professeur Gilles-Éric Séralini, publiée dans le magazine américain Food and Chemical Toxicology le 19 septembre dernier, avait fait l’effet d’une bombe. « Pour la première fois au monde, un OGM et un pesticide ont été évalués pour leur impact sur la santé plus longuement et plus complètement que par les gouvernements et les industriels. Or les résultats sont alarmants », affirmait alors le professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, qui voulait prouver l’absolue toxicité des OGM.

Extraits de  Tous cobayes ! de Gilles-Éric Séralini (Éditions Flammarion)

La plupart d’entre nous croient vivre au sein d’une société dont la sécurité des personnes constitue l’une des priorités. On entend tellement parler de l’insécurité liée à la délinquance et des mesures prises pour l’endiguer qu’on n’imagine pas que les tueurs en série les plus sournois et les plus impitoyables se prélassent sans être inquiétés dans nos aliments, dans nos boissons, nos maisons, nos jardins et dans l’air ambiant.

Arrêtons au retour de ses courses n’importe quel passant. Demandons-lui s’il craint de mettre au cou de son chien le collier antipuces qu’il vient d’acquérir, dans son café les sucrettes qu’on aperçoit dans son panier, et s’il a bien examiné, avant de faire son choix, la liste des additifs de sa tablette de chocolat. Interloqué, il passe son chemin, il est persuadé que la présence de ces produits sur les rayons des magasins fournit la preuve de leur innocuité. S’ils n’étaient pas inoffensifs, on ne les trouverait pas là, tout de même ! D’ailleurs, il a entendu parler comme tout un chacun des tracasseries et de la lourdeur de la réglementation. Il doit y avoir plutôt trop de contrôles, de vérifications, d’évaluations que pas assez, non ?

Ce passant sait-il que, depuis plus de soixante ans, ce sont les industriels – ceux-là mêmes qui commercialisent les médicaments, les pesticides et les produits chimiques – qui conduisent les expériences en vue d’obtenir les autorisations de mise sur le marché de leurs produits. Des expériences abusivement classées confidentielles et qui, le plus souvent, sont menées à court terme et de façon partielle afin de pouvoir conclure à l’innocuité : on teste sur quelques mois le seul principe actif, pour un pesticide, mais pas le produit commercialisé, c’est-à-dire le mélange dans lequel ce principe actif est intégré et qui potentialise son effet. Qui le sait ?

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Gilles-Éric Séralini est professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen, chercheur et codirecteur du pôle « Risques, qualité et environnement durable ». Il a été expert pendant neuf ans dans le gouvernement français en matière d’évaluation des OGM. Il est l’auteur de , Tous cobayes ! publié aux éditions Flammarion.

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