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Emma Bonino, une Européenne énergique pour la diplomatie italienne

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Elle est désormais l’une des femmes les plus importantes d’Italie. Emma Bonino, 65 ans, a été nommée ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’Enrico Letta, qui avait été désigné par Giorgio Napolitano le 24 avril dernier pour former un gouvernement d’union nationale.

Et pour diriger la tête de la diplomatie italienne, Enrico Letta a peut-être choisi la plus européiste d’entre tous. Car Emma Bonino n’est pas seulement familière des institutions nationales ; elle a aussi, durant sa longue carrière politique, occupé plusieurs responsabilités à Bruxelles.

Européiste rebelle

Fédéraliste, libérale jusqu’à la moelle, Emma Bonino est une femme souvent qualifiée de rebelle, imprévisible et atypique. Son premier coup d’éclat survient en 1975, alors qu’elle avoue avoir commis une IVG, alors interdite en Italie, deux ans après avoir fondé un centre d’information sur la stérilisation et l’avortement à Milan.

« Ces messieurs du Conseil de sécurité devraient réaliser que les milliers de réfugiés en train de mourir au Zaïre n’iront pas, comme eux, passer le week-end à Long Island, » déclarera-t-elle bien plus tard, lors d’une séance à la Commission européenne.

L’Italie ou l’Europe ?

Née en 1948 à Bra, son baptême sous la bannière bleu foncé aux quinze étoiles se fait en 1979, année où elle remporte un siège au Parlement européen, dans le groupe des non-inscrits.

Démission de la Chambre des députés en 1983, de son mandat européen en 1984, retour dans les deux institutions en 1986, nouvelle démission du Parlement européen en 1988 ; la suite n’est qu’une succession de démissions et de réélections dans les différents organes politiques nationaux et européens.

Envoyée à Bruxelles par Berlusconi

Européenne, Emma Bonino est surtout inclassable. Elle remporte un siège aux élections générales de 1994 sous les couleurs du Pôle des libertés, une alliance électorale alors dirigée par Silvio Berlusconi.

Lorsque le « Cavaliere » devient président du Conseil l’année suivante, Emme Bonino est nommée à la Commission européenne aux côtés de Mario Monti. Jacques Santer, alors président de la Commission, la désigne commissaire européenne à la Pêche et à la consommation, avec en sus la tutelle de la direction générale de l’Aide humanitaire. Ces nouvelles fonctions la poussent à démissionner de ses mandats italiens.

Une familière des ministères

En 2006, Emma Bonino intègre la vaste coalition de gauche emmenée par Romano Prodi, l’Unione. Son parti, l’alliance Rose au poing, rassemblement des Radicaux et des Socialistes démocrates, acquiert 18 sièges à la Chambre des députés italienne.

Elle met alors un pied dans le gouvernement, par le ministère  du Commerce international et des Affaires européennes. Et c’est après une nouvelle démission quelques mois avant la chute du gouvernement Prodi II et un mandat de sénatrice qu’elle renoue avec le gouvernement italien, cette fois-ci aux Affaires étrangères.

Aux côtés du démocrate Enrico Letta, Emma Bonino est désormais chargée de remettre l’Italie sur le chemin de l’union. Sa stature européenne et sa connaissance des institutions italiennes devraient être de réels atouts pour traiter avec Bruxelles d’un côté, et tenir le cap de l’unité italienne de l’autre.

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