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Fête de Lutte Ouvrière: mais que reste-t-il de cette extrême gauche?

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Le week-end de la Pentecôte est, chaque année, l’occasion pour les membres ou sympathisants de Lutte ouvrière de se retrouver pour trois jours de festivités et d’échanges, dans un grand parc boisé de plusieurs hectares, à Presles, petite ville du Val-d’Oise. « Notre fête est un grand rassemblement d’extrême gauche. Plusieurs dizaines de groupes politiques de France, d’Europe, d’Afrique ou des Antilles, y tiennent un stand », peut-on lire sur le site ouvert pour l’occasion. « Tous ne partagent pas forcément l’ensemble de nos convictions, mais ce rassemblement est l’occasion pour chacun de discuter et de confronter ses idées avec celles des autres groupes. » Mais que reste-t-il du parti d’Arlette Laguiller ?

Un parti qui peine à convaincre

Si 30 000 personnes sont attendues par les organisateurs, force est de constater que Lutte ouvrière connaît un franc déclin depuis ces dernières années. Longtemps incarné par l’infatigable Arlette Laguiller, le mouvement ne parvient pas à convaincre et fait cavalier refusant toute alliance avec un parti qui n’aurait pas comme objectif la défense absolue des travailleurs, quel que soit le contexte économique.

Résultat, les électeurs suivent de moins en moins le mouvement. S’il dépasse 5 % lors de deux scrutins, réalisant 5,3 % (1 615 552 voix) en 1995 et 5,72 % (1 630 045) en 2002, en 2007 avec  1,34 % (488 119) et en 2012 avec 0,56 % (202 548), il semble ne plus être supporté que par son électorat traditionnel. Jean-Luc Mélenchon est là qui semble, aux yeux des électeurs, plus charismatique que la nouvelle porte-parole du mouvement, Nathalie Arthaud. Par ailleurs les idées défendues par le FN rencontrent l’adhésion de 42% de l’électorat ouvrier, selon le baromètre d’image du Front national édition 2013 réalisé par TNS Sofres, du 24 au 28 janvier pour France Info, Le Monde et Canal Plus.

Quelle place pour Lutte ouvrière ?

Mais Nathalie Arthaud ne veut rien lâcher et continue à dénoncer la politique du chef de l’Etat. « C’est évident que ce gouvernement ne changera pas de politique et nous ne lui demandons rien, nous n’en attendons rien », a expliqué à l’AFP, jeudi 16 mai, la porte-parole du mouvement qui s’exprimera deux fois au cours de la Fête de Lutte Ouvrière. « J’avais prévenu lors de la campagne présidentielle que si les socialistes arrivaient au pouvoir, ils feraient ce que la finance imposerait », a-t-elle ajouté.

« Sarkozy était le président des riches. Hollande est en passe de devenir le président des patrons. Il a perdu tout crédit dans les classes populaire et bat des records d’impopularité : il ne récolte que ce qu’il a semé ! » écrivait-elle par ailleurs le 30 avril dernier.

Pourquoi ne pas s’allier avec le Front de Gauche ? Pourquoi avoir refusé de manifester aux côté des communistes le 5 mai dernier « contre la finance, l’austérité et pour une VIe république » ? « Jean-Luc Mélenchon ne défend pas une politique pour les travailleurs. Il veut capter les déçus de François Hollande en déployant les mêmes illusions », estime Nathalie Arthaud pour qui « le mur de l’argent s’imposera à Jean-Luc Mélenchon comme aux autres ».

Quel avenir pour Lutte ouvrière ?

« Nous voulons changer le monde. Nous restons profondément convaincus que le communisme est l’avenir du genre humain », peut-on lire sur le site de Lutte ouvrière. Un discours qui ne séduit plus, même au cœur d’une crise économique et financière mondiale. Si selon des études récentes, mais aussi les sondages de sortie des urnes du premier tour de la présidentielle, les ouvriers sont de plus en plus nombreux à voter Front national, quel avenir peut-on espérer pour le mouvement de lutte de Nathalie Arthaud ?

« Nous défendons notre politique tous les jours sur le terrain, ce n’est pas pour disparaître pendant toute la campagne des élections municipales, » a estimé la porte-parole du mouvement qui participait à la fête de Lutte ouvrière à Saint-Nazaire, le 20 avril dernier. « Il faut montrer aux travailleurs qu’il y a une politique pour eux. Donc oui, nous essaierons de présenter des listes dans un maximum de villes. Ce n’est pas au Front national, qui défend la politique du patronat, de récupérer le fruit du mécontentement des travailleurs ! » La voilà donc ça raison d’exister et pas question d’en changer…

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