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Indigènes de la République: homophobes, les anti-impérialistes?

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Après avoir coordonné l’ouvrage collectif Race et capitalisme (Syllepse), contribué à Nous sommes les Indigènes de la République (Amsterdam) et à Contre l’arbitraire du pouvoir (La fabrique), Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem ont publié un ouvrage Les féministes blanches et l’empire qui n’hésite pas à considérer l’homosexualité comme invention occidentale.

Faire de l’homosexualité une identité universelle

Le Parti des indigènes de la République se présente comme « un espace d’organisation autonome de tous ceux qui veulent s’engager dans le combat contre les inégalités raciales qui cantonnent les Noirs, les Arabes et les musulmans à un statut analogue à celui des indigènes dans les anciennes colonies ». Cet anti-impérialisme qui les anime les pousse à porter des jugements plutôt radicaux, en particulier en matière d’homosexualité.

En effet selon Félix Boggio Ewanjé-Epée, interviewé par le site Internet StreetPress, cet essai sert à « dénoncer la tentative de faire de l’homosexualité une identité universelle qui serait partagée par tous les peuples et toutes les populations. » Une tentative qui serait relayée par « les ONG et l’Onu avec un discours d’inscription des droits sexuels qui institutionnalise l’homosexualité telle qu’elle est définie en Occident. »

« La lutte contre l’impérialisme gay »

« Nous sommes convaincu-e-s que l’oppression sexuelle s’inscrit pleinement dans le système qui produit les genres et les hiérarchies », peut-on lire au fil des pages. « Il existe des similitudes claires entre la dynamique des mouvements féministes de la seconde vague et les mouvements révolutionnaires homosexuels de la même époque, tout comme il existe des points communs dans la manière dont les forces réactionnaires réinvestissent des idées formulées par ces deux mouvements. »

Quant à Houria Bouteldja, porte-parole du parti des Indigènes de la République, sa posture « se distingue du mouvement gay occidental en ce sens qu’elle lui nie ses prétentions à l’universalisme comme elle réfute le postulat d’une identité politique gay et lesbienne transnationale » écrit-elle sur le site du parti. « La lutte contre l’impérialisme gay et l’homoracialisme contient en elle-même à la fois une lutte contre l’homophobie et une lutte contre le racisme et l’intégration aux normes blanches de « la démocratie sexuelle ». Il se pourrait donc bien que derrière la critique virulente de l’internationale gay (que j’assume) il y ait une vraie préoccupation pour la protection et l’intégrité de pratiques sexuelles menacées par un ordre occidentalo-centré. »

Des positions dénoncées par Caroline Fourest

« Quand j’entends la leader des Indigènes de la république, Houria Bouteldja, dénoncer l’impérialisme gay et nous expliquer qu’il n’y a pas de vrais homosexuels en banlieue ou qu’ils doivent se faire discrets car s’ils assument leur homosexualité comme une identité fière et ouverte ils importent le colonialisme et le mode de vie occidental blanc… J’ai juste envie de vomir ! » s’est emporté Caroline Fourest dans une interview au magazine suisse 360 Degrés.

Et d’ajouter : « Ce différentialisme mène toujours à la soumission, à l’intimidation et à la guerre entre les minorités. Je pense profondément que le communautarisme mène à la guerre entre les minorités tandis que l’universalisme nous unit face au processus de domination dont la domination masculine est évidemment la mère de toutes les dominations. »

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