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Iran: Internet dans le coma à l’approche de la présidentielle

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Les dirigeants iraniens ont étendu la répression jusqu’au cyberespace et tentent d’empêcher les internautes de s’organiser et dénoncer la fraude systématique qu’organise le régime pour la présidentielle du 14 juin. 

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Internet lent, sites introuvables, logiciels de contournement inutilisables:  le pouvoir iranien veut éviter la réédition de la soulèvement postélectoral de 2009 alimentée via la Toile.

« L’internet est dans le coma », commentait début mai le quotidien Ghanoon en référence à la lenteur des connections. Il citait un twitteur pour avancer une possible explication : « ça n’arrive qu’en Iran : l’élection arrive, l’internet s’en va. »

Le quotidien Donya-e-Eqtesad, citant un magazine spécialisé, affirmait également que le dernier logiciel de contournement de filtre est « devenu pratiquement inaccessible ». Ces logiciels, tels que les Virtual Private Network (VPN), permettent aux Iraniens d’accéder aux réseaux sociaux ou aux sites bloqués par le gouvernement.

Facebook, Twitter, YouTube et de nombreux autres sites de partage, de même que des dizaines de milliers de sites internet occidentaux, par exemple des sites de médias ou d’information financière, sont censurés en Iran depuis le soulèvement populaire de 2009.

Les opposants avaient alors largement utilisé les réseaux sociaux pour mobiliser leurs partisans, dans un pays qui compte 34 millions d’internautes pour 75 millions d’habitants.

Le Conseil suprême du cyberespace 

Pour les internautes, le fautif est le Conseil suprême du cyberespace, mis en place en mars 2012. Cette instance aurait supervisé le lancement d’un « VPN national » en mars, peu après le blocage des VPN privés, qui rend à nouveau accessible le réseau mondial, mais via un logiciel contrôlé par les autorités.

Or il coûte 4 millions de rials (environ 115 USD) par mois, alors qu’un VPN était auparavant disponible pour 50 dollars par an. Autre problème, « on peut effectivement travailler avec ce VPN, mais c’est presque comme si on payait le gouvernement pour qu’il nous espionne », affirme à l’AFP un homme d’affaires.

Par ailleurs, dans des messages menaçants signés « organisation de la sécurité du Cyberspace » à un vaste éventail d’utilisateurs, le ministère du renseignement a écrit : « Vous avez contacté l’Ompi [le mouvement d’opposition des Moudjahidine du peuple] sur Facebook. Vu que ce groupuscule est considéré comme terroriste et Mohareb (en guerre contre Dieu) (…) tout contact avec lui est interdit selon les articles 186 et 500 du code pénal islamique et considéré comme un délit. »

L’article 500 stipule : « Tous ceux qui s’engagent dans des activités de propagande contre le régime de la république islamique d’Iran ou en faveur des groupes d’opposition de quelque manière que ce soit, seront condamnés de 3 mois à un an de prison. »

Redoutant le rôle de l’OMPI, l’agence de presse Fars, affiliée aux pasdaran, écrivait le 18 mai : « Cette organisation a l’expérience de la rébellion, des troubles et du sabotage durant les incidents postélectoraux de 2009. Elle cherche à guider ses éléments et partisans dans la présidentielle de 2013 en leur donnant des instructions pour l’élection (…) Elle a ordonné à ses forces d’utiliser toutes leurs capacités pour aggraver les failles (…) Elle a déployé toutes ses capacités médiatiques, y compris ses réseaux sociaux internet, ses sites et ses blogs. »
 

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