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La politique monétaire de la BCE en trois questions

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Faut-il continuer à fournir de la liquidité aux banques ?

 

En annonçant le 2 mai la énième baisse de son principal taux directeur, la BCE est finalement restée fidèle à sa ligne de conduite et n’a pas convaincu grand monde, à commencer par Jens Weidmann, le patron de la Banque Centrale Allemande et Angéla Merkel qui n’ont pas manqué d’afficher leur opposition.  Ainsi, en passant à 0,50% le taux principal de refinancement des banques – qui vient par la même occasion d’atteindre un nouveau plancher historique – l’institution de Francfort a simplement conforté sa politique monétaire conventionnelle

 

Faut-il remettre en cause les accords de Bâle III ?

 

Certes, l’intention de la BCE est louable et relancer le crédit est une nécessité acceptée par tous. Mais à vouloir toujours injecter de la liquidité à des taux toujours plus attractifs, la BCE en oublie de rappeler les contraintes qui pèsent sur l’octroi de crédits et principalement celles de « Bâle III ».

 

Après les années que nous venons de vivre, personne ne remet en cause l’instauration de règles prudentielles pour prévenir de futurs risques systémiques, mais la question se pose clairement de savoir si c’était vraiment nécessaire de le faire à un moment où l’urgence commandait de relancer la machine économique. 

 

La réponse a été apportée par deux fois : c’est d’abord l’autorité de supervision financière américaine qui, le 9 novembre dernier a annoncé qu’elle reportait l’entrée en vigueur de la nouvelle règlementation bancaire puis le comité de Bâle en date du 6 janvier dernier lorsque, cédant à la pression des banques, il a décidé d’élargir les réserves de liquidité à de nouveaux actifs, plus risqués, dans le but d’assouplir le calcul du ratio de liquidité. N’était-ce pas reconnaître implicitement les effets néfastes des accords de Bâle III ? 

 

On nous avait pourtant assuré à l’époque que les nouvelles normes qui remplaceraient Bâle II n’impacteraient que faiblement l’économie. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien et que les banques limitent leur activité de crédit.

 

La politique monétaire accommodante de la BCE agit-elle vraiment sur l’économie ?

 

A vouloir toujours limiter son champ d’action à ses missions fondamentales, la BCE ne prend aucune mesure concrète en faveur des entreprises. Les PME n’arrivent toujours pas à obtenir des crédits et que les taux d’intérêt soient compétitifs n’y change rien. 

 

Il est donc  légitime de se poser des questions : 

– La politique de stabilité des prix, mission première de l’institution, est-elle compatible avec un objectif de croissance économique forte dans la zone Euro ?

– Pourquoi la croissance repart-elle aux Etats-Unis quand la stagnation s’installe en Europe ?

 

Avouons quand même que les politiques menées par la FED et la BCE ne peuvent décemment être comparées, ne serait-ce parce que l’économie américaine se finance en grande partie sur les marchés financiers alors que dans la zone Euro, elle est financée plus généralement par les banques.

 

En attendant, la BCE continuera à fournir des liquidités à bon compte, les banques continueront à regarder vers Bâle (un peu moins désormais) et les patrons de PME se débattront pour survivre

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