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Le Printemps arabe: théorie du complot ou élan populaire?

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2. Le réveil de la nation et la volonté du peuple

Beaucoup de gens ont tendance à voir dans les révoltes arabes le résultat définitif d’une frustration croissante parmi la jeunesse arabe. Cette génération, qui constitue la majorité de la population arabe, a hérité des récits de la glorieuse et magnifique histoire de la modernité, du développement, et du progrès dans la civilisation, les arts, la science et le pouvoir.

Le mur de la réalité

Mais ces histoires ont buté jour après jour contre le mur d’une réalité frustrante car ils – les jeunes – se sont retrouvés dans des États complètement dépendants (de l’Occident), expérimentant des défaites successives et des conditions de vie sociales et économiques difficiles. Tout cela accompagné de la poursuite de l’oppression par leurs régimes, et le manque de démocratie et de liberté d’expression.

Les dirigeants ont abusé de leur pouvoir et de leur confiance en eux, et cette exagération a fait des élections parlementaires une ironique plaisanterie, tandis que la question de leur succession, dévolue à leur fils (dans des régimes « théoriquement » républicains), a laissé un goût à la fois comique et amer dans la bouche des peuples.

Pire encore, la jeunesse arabe a vu les progrès, le développement et le succès dans d’autres pays, et désiraient pour elle-même les bonnes conditions économiques et sociales que ces autres pays avaient connues.

Des plateformes virtuelles à la révolution

Avec l’aide d’Internet, des réseaux sociaux et du développement des technologies de communication, de tels faits ne sont plus cachés, et la nouvelle génération arabe a commencé à partager ses découvertes, ses préoccupations, ses craintes, son ambition et ses rêves grâce à ces plateformes. Pendant ce temps, les vieux régimes étaient encore trop occupés avec leurs vieilles technologies, minimisant l’effet et l’importance des nouvelles technologies, décrites par un de leurs hommes d’État comme des « jouets d’enfants ».

Le moment de vérité est arrivé, prenant chaque expert, analyste et homme politique au dépourvu, alors que l’éruption du printemps arabe a commencé dans « la verte Tunisie », le terme commun donné par les Arabes pour désigner la Tunisie, où les gens sont connus pour leur tempérament calme.

Il n’a fallu que quelques jours pour que l’étincelle de la révolution ne se propage comme la fièvre, et que d’autres personnes ne leur emboîtent le pas, transformant le monde fantastique d’Internet en réalité, marquant le début d’une nouvelle ère, différente de la détestable époque précédente.

Ainsi, l’essentiel de ce point de vue repose sur l’idée selon laquelle aucun acteur extérieur n’a poussé ou encouragé les pays arabes à changer leurs régimes.

Les pays occidentaux, pris au dépourvu ?

Un certain nombre de faits soutiennent ce point de vue : le premier, c’est la relation étroite entre l’Occident en général et les régimes autocratiques précédents. Un autre fait important, c’est le caractère flottant et hésitant de l’Occident à la veille de l’éruption des révolutions. Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre française des Affaires étrangères, a dû démissionner après avoir exprimé, quelques jours après la fuite de l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, la volonté de la France de fournir une expertise au gouvernement tunisien dans le domaine de la sécurité…

La position américaine était aussi marquée par la confusion devant la première impulsion de la « Révolution du jasmin » en Tunisie. Le correspondant de la BBC à Washington, Kim Ghattas, a décrit la première réaction des responsables du département d’État américain, qui « semblaient avoir été pris au dépourvu », ajoutant qu’ils n’avaient pas été récemment briefés sur la Tunisie. Kim Ghattas parlait ainsi de la réaction de l’administration américaine en se concentrant principalement sur ​​l’avis émis aux citoyens américains en Tunisie.

Il convient de noter, dans ce contexte, le fait que, malgré la première confusion, les puissances étrangères avaient suffisamment de temps pour rétablir leur équilibre et surfer sur la crête de la vague, alors qu’elles commençaient à évaluer et réévaluer leurs positions sur la base de ces nouveaux développements, dans une tentative claire de protéger leurs intérêts et la coopération avec les nouveaux régimes émergents.

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