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Le taux de suicides progresse fortement aux États-Unis

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Aujourd’hui, aux Etats-Unis, les suicides sont à l’origine de plus de décès que les accidents de voiture. Selon une étude publiée fin avril par the Center for Disease Control and Prevention, il y a ainsi eu, en 2010, 38 364 suicides « contre » 33 687 morts sur les routes.

Et ce ne sont pas les jeunes ou les personnes âgées – premières « cibles » des campagnes de prévention – qui ont fait gonflé les statistiques, mais les 35-64 ans. De 1999 à 2010, le taux de suicides au sein de cette tranche d’âge a bondi de près de 30% – 50% parmi les hommes quinquagénaires, 60% chez les femmes âgées de 60 à 64 ans.

Isolement social

La crise économique peut être l’un des facteurs explicatifs de ces chiffres en hausse, selon le Docteur au Center for Disease Control and Prevention Thomas Simon, coauteur de l’étude : « Des études antérieures nous ont montré que les périodes de récession sont associées à des taux de suicides plus élevés, particulièrement chez les personnes en âge de travailler. » Mais il n’est pas le seul : « Il va nous falloir faire des recherches plus poussées pour comprendre pourquoi on constate une telle augmentation parmi cette tranche d’âge. »
 
Julie Phillips, professeure de sociologie à l’université Rutgers, travaille justement sur cette question. Or elle a observé que « les individus nés entre 1946 et 1964 avaient un taux de suicides particulièrement important déjà durant leur adolescence, ce qui laisse supposer qu’ils traversent l’âge adulte avec un risque de passer à l’acte plus élevé. » 
 
Les  baby boomers seraient également plus vulnérables car « ils bénéficient de moins de protection. Par exemple on n’observe pas un regain de religiosité chez eux en murissant, comme c’était le cas pour les générations précédentes. Par ailleurs, ils sont plus nombreux à vivre seuls (divorcés ou pas mariés) et sans enfant que les personnes de cette tranche d’âge auparavant ».
 
Or ces facteurs peuvent être responsables d’un isolement social « lui-même associé au risque de suicide ».

Couleur de la peau

L’augmentation du taux de suicides aux Etats-Unis est donc en grande partie dû aux 35-64 ans ; aux 35-64 ans blancs et indiens, principalement. « On enregistre les plus fortes évolutions parmi les Indiens américains, avec une hausse de plus de 65%, et les Blancs, avec une hausse de près de 40,5% », détaille le Docteur Simon.
 
Pour Julie Phillips, il peut y avoir plusieurs raisons qui expliquent que le taux de suicides chez les Noirs et les Latinos soit moins élevé : « Le suicide est plus stigmatisé dans la communauté noire (c’est un truc « de Blancs »), et la violence est davantage externalisée à travers les homicides qu’internalisée. » Par ailleurs, « l’histoire de la discrimination aux Etats-Unis a forcé les Noirs à savoir endurer et/ou à avoir moins d’attentes ».
 
Cette étude est l’occasion de rappeler pour le Docteur Simon que « les personnes qui ont des pensées suicidaires ont encore du mal à trouver de l’aide ; on a tous un rôle à jouer dans la prévention du suicide ».
 
 
 
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