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Les requêtes de Chinois affluent sur le site de la Maison Blanche

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Une déferlante de doléances

Pour contourner la censure exercée dans leur pays, des internautes chinois ont décidé de poster leurs plaintes et requêtes sur le site de pétitions en ligne de la Maison Blanche, « We the People », premiers mots du préambule de la Constitution des États-UnisCet espace, ouvert à tous, a été lancé en 2011 pour que les internautes puissent envoyer directement leurs réclamations au gouvernement américain, et pour que « leur voix soit entendue » souligne Barack Obama. Lorsqu’une pétition rassemble plus de 100 000 signataires, le gouvernement américain s’engage à répondre à la requête. 

Pour les internautes chinois, cette plateforme leur permet de s’exprimer librement sur des sujets censurés sur le web chinois, comme le projet de construction d’une raffinerie dans le sud du pays : « Il faut protester contre le gouvernement chinois concernant le projet PX à Kunming », peut-on par exemple lire. Samedi 4 mai, des centaines de Chinois sont descendus dans les rues de Kunming, dans province de Yunnang pour manifester contre le projet de construction d’une raffinerie produisant du paraxylène (PX), un hydrocarbure utilisé dans la fabrication des polyesters, jugé nocif pour la santé. En quelques jours, la requête a récolté plus de 14 000 signatures.

Autre réclamation : « Ne jamais oublier le massacre de Tien An men le 4 juin 1989 », qui rassamble près de 3000 signatures, ou encore « envoyer des troupes pour libérer Hong Kong » postée le 7 mai dernier. Dans la dernière réclamation postée, l’auteur exhorte « le gouvernement américain à dévoiler le patrimoine des enfants des dirigeants chinois aux Etats-Unis ».

L’affaire Zhu Ling

Les internautes chinois ont également profité de cette plateforme participative pour demander qu’une enquête sur une affaire d’empoisonnement soit relancée. En 1994, Zhu Ling, étudiante en chimie dans l’une des meilleures universités chinoises, a été empoisonnée au thallium – un élément chimique ressemblant au plomb, très toxique – dans son dortoir. Plongée dans le coma, la jeune femme s’était réveillée partiellement « paralysée et quasiment aveugle », rapporte le New York Times.

L’affaire, toujours pas résolue, avait fait les gros titres des journaux chinois à l’époque, et continue aujourd’hui d’obnubiler la population chinoise. La principale suspecte, Sun Wei, la colocataire de Zhu Ling – issue d’une puissante famille proche du Parti communiste – résiderait aujourd’hui aux Etats-Unis, sous un nouveau nom. Pour contourner la censure, les internautes chinois ont donc décidé de poster une pétition en ligne sur « We the People », exhortant le gouvernement américain à intervenir dans l’affaire en expulsant notamment Sun Wei vers la Chine pour qu’elle soit interrogée et jugée. La pétition a obtenu 143 000 signatures de soutien, dépassant ainsi le seuil requis pour obtenir une réponse du président américain.

Un documentaire retrace l’affaire Zhu Ling :

Des requêtes insolites

« We the People » recueille aussi plusieurs pétitions loufoques, portant par exemple sur l’interdiction de plats traditionnels chinois, comme le Lanzhou beef noodles, ou les « crêpes jianbing guozi de Beijing », mais aussi sur l’obligation d’« imposer le goût sucré au doufu nao », un dessert typique chinois, rapporte le site French. China. Un internaute appelle quant à lui les autorités américaines à « ne pas laisser Luo Yufeng retourner en Chine », une célébrité chinoise révélée sur Internet en 2009, très critiquée dans son pays.  

Au mois de septembre dernier, des milliers de signataires avaient lancé une pétition sur le site de la Maison Blanche pour connaître la recette de fameuse bière au miel de la Maison Blanche. Sam Kass, l’un des cuisiniers du chef de l’État avait finalement révéler la fabrication du « Honey Ale » dans les cuisines de la résidence présidentielle.

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