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Loi sur l’immigration américaine: une atteinte à la vie privée?

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« Êtes-vous au courant que le projet de réforme de l’immigration créerait, selon les mots utilisés par [le magazine] Wired, une « base de données biométrique de tous les Américains majeurs » ? [Cette idée] est en effet terrifiante, et si elle était vraie, causerait un véritable outrage », écrit le journaliste Justin Green sur le site The Daily Beast, avant d’ajouter : « Heureusement, l’assertion de Wired est fausse ».

Vers un système national d’identification ?

Selon le magazine – visiblement pris en grippe par le journaliste du Daily Beast – le projet de réforme de l’immigration débattu au Sénat américain cacherait en effet, en filigrane, la création d’une base de données biométrique nationale de toutes les personnes majeures vivant aux États-Unis. Ce que les défenseurs du respect de la vie privée craignent être « le premier pas vers un système national d’identification omniprésent » :

« Enterré dans les centaines de pages de la législation bipartisane se trouve la volonté de créer […] une base de données fédérale massive [intitulée « Photo tool »], administrée par le Département de la Sécurité Intérieure et contenant les noms, âges, numéros de sécurité sociale et photos de tout le monde dans le pays ayant un permis de conduire ou une autre pièce d’identité avec photo émise par l’État. Les employeurs seraient obligés de rechercher tous leurs nouveaux employés dans la base de données afin de vérifier qu’ils correspondent à leur photo », affirme Wired.

Pas de base de données « biométrique »

Le Daily Beast, de son côté, dément l’utilisation du terme « biométrique » qui, selon un proche du Sénat, n’a pas sa place dans le débat : « la biométrie fait généralement référence à certains traits physiologiques qui vous distinguent, comme vos empreintes digitales, votre iris ou votre ADN. Les photos de vous ne possèdent pas, en elles-mêmes, ces types de traits distinctifs. […] Personne ne peut donc dire qu’elles sont biométriques ».

De même, selon cette même source, le gouvernement fédéral ne pourra accéder aux photos de permis de conduire seulement si le gouvernement étatique et le gouvernement fédéral concluent une entente pour partager les informations.

« En fait, si vous n’avez pas de passeport et que votre État ne décide pas de partager vos photos avec le gouvernement fédéral, votre photo n’apparaîtra pas du tout dans la base de données. Au lieu de cela, vous serez invité à fournir des données biographiques détaillées pour s’assurer que votre identité ne soit pas utilisée frauduleusement afin d’obtenir un emploi », rappelle le Daily Beast.

Big Brother is watching you

Cependant, nombreux sont ceux qui craignent que la base de données ne devienne biométrique. « Cela pourrait devenir la version gouvernementale de Foursquare [réseau social permettant à l’utilisateur d’indiquer l’endroit où il se trouve, grâce à un système de géolocalisation], où Big Brother enregistrerait tous les « check-in » », écrit David Kravets, du magazine Wired.

« Cela commence à changer les relations entre le citoyen et l’État : vous devez désormais avoir la permission pour faire les choses », a par ailleurs déclaré Chris Calabrese, un membre du Congrès et de l’Union américaine pour les libertés civiles, ajoutant : « Plus fondamentalement, cela pourrait être le début d’une action visant à garder trace de tout ».

Pour le moment, la seule donnée biométrique collectée par le gouvernement – l’empreinte digitale – ne concerne que les immigrants, et non tous les Américains. Le Comité judiciaire du Sénat, qui se penche actuellement sur la régularisation des immigrants clandestins, le renforcement de l’immigration sélective et la fin de la loterie annuelle des green cards devrait rendre les conclusions du débat mardi.

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