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Lutte contre l’homophobie à l’école: le SNUipp-FSU marche-t-il sur la tête?

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Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a demandé à Michel Teychenné, élu au conseil municipal de Pamiers et chargé, avec Gilles Bon-Maury, des questions LGBT pendant la campagne électorale de François Hollande, de lui remettre un rapport sur la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre afin de mettre en place des actions et mesures concrètes pour les prochaines rentrées, à appliquer dans les écoles et des établissements.

Dans un dossier « Éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire – Des outils théoriques et pratiques pour avancer », le SNUipp-FSU (syndicat national unitaire des instituteurs et des professeurs des écoles) expose ses propositions sans ambages.

Lutte contre les discriminations et l’homophobie, une belle ambition

« Comment est-il possible que l’insulte « pédé » soit la plus fréquente des cours de récréation et que, la plupart du temps, les enseignant-es n’en parlent pas ? De là est né le projet de s’intéresser à ce que font déjà les enseignantes et les enseignants, les équipes d’école, et de proposer des outils spécifiques, comme cela se fait en Belgique, aux Pays-Bas ou au Canada », explique le syndicat pour commencer. Le SNUipp-FSU avait l’ambition de prouver qu’éduquer contre l’homophobie dès l’école primaire, était possible et nécessaire. Belle mission, beau projet. Mais examinons de plus près les propositions exposées dans le rapport.

Promotion de la diversité

« Plutôt que « tolérer » les différences, l’école doit promouvoir la diversité, mettre en avant ce qui est commun tout en valorisant les particularités individuelles », peut-on lire dans le rapport. Et sur ce point l’éducation n’est pas tant du ressort des familles que de celui de l’école : « La lutte contre les discriminations, l’éducation à la sexualité, sont du ressort des programmes scolaires. L’éducation civique, la connaissance et le respect des lois entrent dans les missions de l’école et ce quelles que soient les convictions des familles. » L’éducation doit être la même, les parents n’ont pas leur mot à dire.

Enseigner le genre dès le plus jeune âge

« L’étude du genre ? Pas seulement en grammaire ! » Et oui, Luc Chatel avait introduit dans les manuels scolaires de première en SVT (sciences de la vie et de la terre), la « théorie du genre sexuel », elle sera désormais enseignée dès le primaire. Le rapport est clair : « Il est nécessaire que les enseignant-es et leur formation prennent en compte les études sur le genre dans leurs pratiques quotidiennes, tant au niveau des contenus d’enseignement que des interactions qu’ils/elles ont avec leurs élèves, ainsi que dans la gestion des relations entre enfants. »

Et d’ajouter un peu plus loin : « Pas question, par exemple, d’écrire les prénoms des filles en rose et ceux des garçons en bleu ! Ni de s’adresser régulièrement de manière collective « aux filles » ou « aux garçons ». Attention aussi à la manière de répartir les tâches et les activités entre les élèves. Différencier, oui, mais pas selon le sexe. »

« Déconstruire la complémentarité des sexes »

Pour Réjane Sénac, chercheure au CNRS affectée au Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF) et enseignante à Sciences-Po Paris et à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, interrogée dans le rapport, il faut avant tout « déconstruire la complémentarité des sexes » : « Revendiquer l’égalité de tous les individus quels que soient leur sexe et leur orientation sexuelle c’est déconstruire la complémentarité des sexes et donc reconstruire de nouveaux fondements républicains. »

Et d’insister : « Dans ce modèle, l’ordre social et politique est premier, et non pas un prétendu ordre naturel qui n’est que notre manière de lire, de construire ou de comprendre la nature. Il s’agit donc de déconstruire la complémentarité des sexes pour transformer en profondeur la société. » On ne peut plus clair…

« Papa porte une robe… »

Pour faciliter la tâche aux enseignants, le rapport donne la référence de plusieurs livres qui permettront de sensibiliser les enfants à la diversité des familles et de « conduire les enfants à adopter un point de vue ouvert sur les réalités sociales actuelles et les nouveaux modes de vie ».

[image:2,n]On citera Dis… mamanS, de Muriel Douru (Éditions Gaies et Lesbiennes), Jean a deux mamans, d’Ophélie Texier  (L’école des loisirs) ou encore Papa porte une robe, de Brasony, de Brumcello et Maya (Édition Seuil Jeunesse).

A la lecture de ce troisième ouvrage, on proposera à l’enseignant de reprendre des arguments du livre et de poser des questions sur les codes vestimentaires : « Connaissez-vous des hommes qui portent des robes ou des jupes ? » L’histoire est accompagnée d’un CD de chanson qu’on propose aux enfants d’apprendre par cœur.

Si ces propositions n’ont pas encore été validées par l’Education nationale comme devant être inscrites dans les programmes scolaires pour la rentrée 2013, on peut légitimement s’interroger sur le point de savoir si ces recommandations définissent la meilleure méthode pour atteindre l’objectif légitime fixé par leurs auteurs : lutter contre l’homophobie.

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