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Manif pour tous: qui mise sur le pire le 26 mai?

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Frigide Barjot, porte-parole de la Manif pour tous, a indiqué jeudi 23 mai qu’elle « hésitait à aller manifester » à cause du climat de violence et des « menaces » qui pesaient sur elle : « Il est indispensable que tous les porte-paroles appellent au calme et à l’apaisement. Les menaces deviennent très violentes contre moi », a-t-elle expliqué à l’AFP, ajoutant avoir reçu le matin même un mouchoir plein de sang. « Je ne me sens pas en sécurité et je me demande si je vais aller manifester », a-t-elle affirmé.

« Faire déraper le mouvement »

Selon la figure de proue des opposants au mariage homosexuel, l’enjeu de la manifestation du 26 mai « est considérable ». « Cela doit être un jour d’action démocratique » et surtout pas « une contestation violente »« Je sens que certains veulent profiter de l’ambiance de contestation sociale pour faire déraper le mouvement et je ne peux tolérer ça », a-t-elle ajouté.

Si le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a indiqué qu’elle serait « évidemment protégée », il s’est aussi dit « très inquiet des menaces à l’égard de personnalités qui sont favorables au mariage pour tous ou qui s’opposent au mariage pour tous et qui font l’objet d’une protection » : « Les forces de l’ordre font tout pour que la nouvelle manifestation organisée dimanche par les opposants au mariage gay se passe bien », a-t-il assuré.

Qui sont donc ces agitateurs dont parle Frigide Barjot qui souhaiteraient faire déraper le mouvement ? Une chose est certaine : le 26 mai, la manifestation risque de dépasser ses organisateurs et ce malgré les quatre sociétés de sécurité extérieures embauchées par le collectif, en plus de son service d’ordre, constitué de bénévoles « très expérimentés ».

Récupération de l’extrême-droite

« Nous recevons tous des menaces », insiste Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous. « Mais Frigide encore davantage. Apparemment, ces menaces viendraient non plus seulement des pro-mariage gay, mais aussi de l’extrême droite. Je condamne tous ces messages scandaleux et toute expression ou mouvement qui viendrait perturber la manifestation de dimanche ». Les milieux d’extrême-droite lui reprocheraient, en particulier, ses réactions au suicide de Dominique Venner qui avait évoqué la manifestation du 26 mai dans un billet publié le jour de sa mort sur son site.

« Je ne le connais pas du tout. Nous n’en avons jamais entendu parler. Son acte, extrêmement violent, ne concerne que lui-même », avait-elle assuré au micro d’Europe 1, mercredi matin. La veille, Frigide Barjot parlait d’un homme « dérangé », « assez raciste », faisant partie « d’une minorité infime, à la marge ». Propos qui ont très certainement excité la colère de tous ceux qui, à l’instar de Marine Le Pen, ont manifesté un très grand respect « à Dominique Venner dont le dernier geste, éminemment politique, aura été de tenter de réveiller le peuple de France ». Il y a donc fort à parier que ces mouvements extrêmes seront présents dans la manifestation du 26 mai et qu’ils ne seront pas là pour agiter de petits drapeaux roses et bleus….

Radicalisation du Printemps Français

D’autres manifestants, encore, inquiètent les autorités : les membres du « Printemps français ». Dans un communiqué publié le 21 mai, l’organisation appelait à « une nouvelle résistance » face à une loi qui irait « contre les lois de la biologie et contre tout sens commun ». « La France est actuellement soumise à des forces qui veulent l’asservir entièrement. La bataille ne fait que commencer. Elle se prolongera jusqu’à la victoire ». Et de promettre des actions plus violentes estimant notamment celles de la Manif pour tous trop « bisounours ».

« Nous allons l’étudier parce que ces propos sont inacceptables », a déclaré le ministre de l’Intérieur évoquant, vendredi 24, une éventuelle interdiction du Printemps fançais. « Il n’y a pas de place pour des groupes qui défient la République, la démocratie et qui s’attaquent aussi à des individus ». Mais que veut le « Printemps français », que veulent ces centaines de manifestants qui annoncent depuis plusieurs semaines déjà sur Twitter que le 26 mai sera l’occasion de frapper un grand coup ?

L’objectif : établir un rapport de force avec le pouvoir en place. Le risque : la violence et le désordre, la « chienlit » comme disait un Général…

L’armée inquiète…

Et si l’armée entrait, elle aussi, en résistance ? C’est ce que semble craindre Manuel Valls qui, selon le Canard Enchaîné du 22 mai 2013, serait « troublé par le nombre d’enfants d’officiers parmi les jeunes interpellés ». Aussi aurait-il « demandé à la DCRI de s’informer sur ce que ces ‘agités’ manigançaient », écrit le Canard. Une autre enquête aurait même été confiée à la DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense) afin de « repérer les meneurs au sein de l’Institution » militaire.

Que craint-il ? Un putsch des généraux ? L’éventualité fait pschitt… même si le coordinateur de la manifestation du 26 mai n’est autre que le Général Bruno Dary, ancien Gouverneur militaire de Paris, jusqu’en 2012. « Quel mouvement politique est capable aujourd’hui en France de mettre 1 million de personnes dans la rue ? Il n’y en a pas », a-t-il lancé vendredi 24 sur LCI. Selon lui, « le mouvement concerne le peuple de France, de droite, de gauche, de toutes origines et c’est ça qui fait la force de ce mouvement. On reste une force tranquille, qui a montré sa force par sa détermination, son comportement et qui dit au gouvernement, il faut compter avec nous. » 

Si les passions s’axacerbent, la République n’est pas encore en danger.

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