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Pakistan: les grands enjeux du mandat de Nawaz Sharif

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Pour son troisième mandat à la tête du gouvernement pakistanais, Nawaz Sharif fait face à de nombreux enjeux. Certes, la victoire a été belle pour cet homme de 63 ans, défait en 1999 par le général Pervez Musharraf et revenu en héros après avoir passé quelques années dans l’ombre discrète de l’opposition.

Une crise économique à endiguer

Les Pakistanais lui ont fait confiance, pour succéder au premier gouvernement civile ayant effectué un mandat complet de cinq ans, il devra désormais faire ses preuves. Déjà les dossiers s’amoncèlent sur le bureau du Premier ministre, car le Pakistan a de nombreux défis à relever, des défis que le nouveau Premier ministre a promis de relever.

Le premier défi de Nawaz Sharif sera économique. Au Pakistan, où la croissance ne dépasse pas 4%, le chômage frappe particulièrement les jeunes.

L’Etat est endetté par une importation de pétrole qui, si elle n’est pas suffisante pour satisfaire la demande de la population, ne permet pas au pays de se relever.

Aujourd’hui, Nawaz Sharif s’y refuse, mais de nombreux experts estiment que le Pakistan pourrait rapidement faire appel au Fonds monétaire international pour lui accorder un nouveau prêt.

Sur le plan énergétique ensuite, le Premier ministre a promis de permettre aux Pakistanais de ne plus subir les longues pénuries d’électricité qui épuisent le pays. Dans certaines régions, l’électricité n’est accessible que 4 heures par jour.

Résoudre ces pénuries d’électricité, c’est également permettre à la croissance de pouvoir être relancée.

Vers une relance des négociations avec les Talibans ?

Autre enjeu de taille du mandat de Nawaz Sharif, la sécurité intérieure. Sans doute une des principales causes de la défaite du parti sortant, le Parti du peuple pakistanais (PPP) du président Asif Ali Zardari, l’insécurité qui règne dans de nombreuses régions sensibles doit être endiguée.

A l’origine de ces troubles, les insurgés talibans du Tehrik-e-Taliban Pakistan  (TTP). Ils sont à l’origine de la mort des 150 Pakistanais durant la campagne présidentielle et continuent de faire régner la terreur dans des régions où ils règnent en maître.

Pour contenir cette rébellion, les Etats-Unis, premier bailleur de fonds du pays, ont toujours poussé le Pakistan à mener une guerre féroce et sans relâche contre ces hommes. Aujourd’hui, l’heure sera peut-être à la négociation, c’est en tout cas ce qu’a laissé croire Nawaz Sharif. Des négociations intimement liées à la situation des talibans en Afghanistan.

Mais pour mettre un frein à la guerre contre le terrorisme, le nouveau Premier ministre devra jouer avec deux acteurs principaux. Les Etats-Unis du premier, et l’armée pakistanaise de l’autre.

Au Pakistan, l’armée surpuissante travaille dans l’ombre du pouvoir depuis toujours. Or cette armée aurait préféré voir le candidat Imran Khan remporter le siège de Premier ministre et voit d’un mauvais œil l’arrivée de cet ancien chef du gouvernement.

Car Nawaz Sharif semble déterminé à rendre à l’armée ce qui est à l’armée et conserver le statut de « civil » qu’a réussi à acquérir le gouvernement pakistanais depuis cinq ans.

Les rivalités meurtrières entre chiites et sunnites

Si les talibans sont responsables de l’insécurité du pays, le Premier ministre ne devra pas ignorer les tensions sociales qui divisent fortement la population.

Des tensions sociales et religieuses qui opposent chiites et sunnites dans de violents affrontements.

Au Sud-Pendjab, le Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), un groupe sunnite radical, fait régner la terreur en pourchassant les chiites qu’ils considèrent comme des hérétiques.

Les attentats sont nombreux et depuis le début de l’année, 250 de ces chiites qui représentent 20% de la population du pays ont été tués. Un bilan qui devrait augmenter encore et dépassera peut-être même le bilan de l’année 2012, durant laquelle 400 chiites ont perdu la vie.

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