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«Personne n’est protégé dans le gouvernement»

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« Un remaniement viendra en son temps. Personne n’est protégé dans le gouvernement. Personne n’a d’immunité » : c’est la Phrase du Jour, une réponse de François Hollande à Elisabeth Chavelet, la rédactrice-en-chef de Paris-Match à laquelle il a accordé un entretien exclusif. Le poids des mots…

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La rumeur circulait depuis plusieurs semaines, de plus en plus insistante après la démission forcée du ministre du Budget, Jérôme Cahuzac. Les rumeurs sont faites, par nature, pour circuler, pour alimenter le brouhaha médiatique… Mais, avec cette sortie du président de la République lui-même, la rumeur devient officielle.

Laisser du temps au temps

La formation du gouvernement, son remaniement – quelle qu’en soit l’ampleur – sont, par excellence, sous la Vème République, des prérogatives exclusives du chef de l’Etat.

Que François Hollande rappelle la réalité constitutionnelle n’a rien du scoop : « Un remaniement viendra en son temps ». Mais, forcément, le décryptage fait de cette sortie tend à laisser penser que ce temps est proche – sinon, à quoi bon un rappel ?

Immédiatement, on imagine aussi que le temps s’est accéléré… Affaire Cahuzac, couacs à répétition, sondages en berne, ouverture d’une nouvelle séquence gouvernementale qui conduira aux premières échéances du quinquennat – les municipales et européennes du printemps et de l’été 2014 -, une fenêtre d’opportunité s’ouvre.

Mettre la pression

Cette fenêtre d’opportunité, elle commence maintenant, dans les tout prochains jours, et dure sans doute jusqu’à la fin juin et le terme de la session parlementaire.

La tradition veut qu’un remaniement ne soit pas annoncé de manière trop anticipée. Mais, les traditions sont faites pour être bousculer et on se souvient de Nicolas Sarkozy qui, en 2010, avait promis un remaniement pour ne l’effectuer que de longs mois plus tard.

Une question de stratégie, mais aussi le moyen de mettre la pression sur les ministres, et de leur donner une dernière chance de sauver leur place face à la menace. Ceci dit, les difficultés actuelles, la réputation d’indécision dont souffre parfois François Hollande ne plaident pas pour une longue attente.

Un fusil à un coup…

L’enjeu est de taille. Si le président de la République remanie selon son bon plaisir, l’opération n’est pas neutre. Le choix de remaniements a minima et fréquents effectué par Nicolas Sarkozy n’a pas forcément couronné de succès.

Cette fois, François Hollande sait que son équipe devra tenir au moins un an jusqu’au lendemain des élections européennes. Et il sait aussi que si remaniement il devait y avoir en juin ou juillet 2014, il est fort probable que ce soit sous lendemain, après ce qui pourrait être de lourdes défaites électorales.

« Personne n’est protégé »

« Personne n’a d’immunité. » Aucun des ministres sauf – cela semble acquis – le premier d’entre eux. Remplacer Jean-Marc Ayrault – dont on sait désormais qu’il lui a assuré Matignon dès le lendemain des primaires socialistes en novembre 2011 – serait assurément un constat d’échec. Les deux hommes entretiennent d’excellentes relations, fondées sur 15 ans de collaboration, et l’enjeu du remaniement serait davantage de renforcer Jean-Marc Ayrault, de lui faciliter la tâche.

Deux scénarios…

Pour faciliter la tâche de Jean-Marc Ayrault, pour lui permettre de remplir pleinement le rôle politique de chef de la majorité qui incombe au Premier ministre, deux hypothèses seraient à l’étude.

La première consisterait à constituer une équipe resserrée de 15 à 20 ministres – contre les 37 d’aujourd’hui. François Hollande, dit-on, n’y serait pas favorable. Renvoyer des ministres sans les remplacer, c’est souvent se créer des inimitiés sans trouver de nouveaux soutiens. Et puis cela renforcerait l’impression que l’Etat est gouverné par la technostructure – pas de quoi renforcer la cote des anciens de la promotion Voltaire de l’ENA. L’équipe pourrait donc être réduite mais dans des proportions mesurées.

La seconde, celle qui tiendrait la corde, amènerait à la constitution de pôles de compétences dirigés par des super-ministres, éventuellement ministres d’Etat, chargés d’impulser une ligne, de mettre en œuvre et défendre la politique de l’exécutif. Une façon, pensent certains, de rendre plus politique ce gouvernement perçu comme trop technique et de ressouder les rangs.

Les jours à venir bruisseront de nouvelles rumeurs… Qu’adviendra-t-il d’Arnaud Montebourg ? Qui pour diriger Bercy ? Quels poids lourds en renfort ? Une aubaine pour les commentateurs politiques…

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