Ils seraient environ 93 millions d’enfants handicapés dans le monde. Une estimation qui, selon le dernier rapport de l’Unicef sur la situation des enfants dans le monde, est dépassée et encore loin de la réalité. Le rapport, rendu public jeudi 30 mai, insiste particulièrement sur la grande vulnérabilité des enfants souffrant de handicap, souvent victimes d’exclusion et de discrimination.
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« Trop souvent, [les enfants handicapés] sont les derniers à accéder aux ressources et aux services, en particulier lorsque ceux-ci sont rares. Trop souvent, ils n’inspirent que de la pitié ou, pire encore, sont victimes de discrimination et de mauvais traitements », écrit Anthony Lake, directeur général de l’Unicef, en introduction du dernier rapport sur la situation des enfants dans le monde, qui se penche sur le cas des enfants souffrant de handicap modéré ou grave.
Le rapport de l’Unicef met ainsi en avant la plus grande vulnérabilité des enfants handicapés, qui « risquent d’être privés d’accès à la santé et à l’école », et sont parmi « les plus vulnérables face à la violence, à la maltraitance, à l’exploitation et au manque de soins ». Rejet social, coût des soins… Les causes de cette vulnérabilité sont nombreuses.
Exclusion
Souvent exclus dès leur naissance, les enfants handicapés ne sont parfois pas inscrits sur les registres de l’état civil : « Faute de reconnaissance officielle, ils sont privés de protection juridique et exclus des services sociaux », pointe le rapport.
L’Unicef dénonce également le manque de transparence sur les chiffres réels du nombre d’enfants handicapés dans certains pays : « L’exclusion est souvent la conséquence de l’invisibilité. Seuls quelques pays possèdent des informations fiables sur le nombre d’enfants handicapés au sein de leur population ».
Pour lutter contre l’exclusion subie par les enfants handicapés, l’Unicef souhaite ainsi mettre l’accent, non pas sur « des notions traditionnelles de « sauvetage » de l’enfant », mais sur « des investissements visant à supprimer les barrières physiques, culturelles, économiques, comportementales, à la communication et à la mobilité qui empêchent la réalisation des droits de l’enfant ».
Manque de scolarisation
Selon une enquête menée dans 51 pays par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux d’achèvement du primaire, pour les garçons, s’élèvent à 61% pour les non handicapés contre 51% pour les handicapés ; concernant les filles, 53% des non handicapées parviennent au bout de l’école primaire, contre 42% pour les handicapées. Le rapport note pourtant que « la présence de ces enfants à l’école contribue de manière importante à corriger des idées fausses entravant l’inclusion, et permet à leurs parents de se consacrer à d’autres activités ».
La qualité des soins éducatifs, la mise en place de structures spécialisées et d’aménagements adaptés aux enfants handicapés font partie des recommandations premières de l’Unicef afin de garantir une éducation « inclusive ». Le rapport note également la nécessité, pour les pays, de garantir le respect des normes en vigueur, souvent non respectées.
Accès aux soins
Concernant la santé et l’accès aux soins, « La vaccination est une pierre angulaire des initiatives de santé nationales et internationales. […] L’inclusion des enfants handicapés dans les programmes de vaccination est non seulement éthique, mais également impérative pour la santé publique et l’équité », rappelle le rapport. De nombreux enfants handicapés continuent cependant de ne pas bénéficier des programmes de vaccination.
Le handicap peut par ailleurs être considéré comme une maladie transmissible, voire dangereuse. C’est le cas par exemple des albinos en Afrique : dans un témoignage publié dans le rapport, l’Unicef dénonce ainsi la discrimination subie par les personnes atteintes d’albinisme. Dans certaines régions africaines, les albinos, rejetés par leur famille, sont l’objet de superstitions, et parfois victimes de démembrements ou de meurtres rituels.
Maltraitance et mauvais traitements
Les enfants handicapés seraient en effet trois à quatre fois plus susceptibles d’être victimes de maltraitance ou de mauvais traitements que ceux qui ne sont pas handicapés. Le rapport pointe ainsi le problème des filles handicapées qui, sous la fausse notion de « protection de l’enfant », sont soumises de force à la stérilisation ou à l’avortement. Une étude, menée en Norvège, a par ailleurs démontré que les filles et les garçons malentendants « courent un risque respectivement deux fois et trois fois plus élevé d’être victimes d’abus sexuels que leurs pairs non handicapés ». Souffrant d’ostracisme ou stigmatisés, les enfants handicapés sont ainsi plus vulnérables et d’autant plus exposés à la violence.
En France, sur plus de dix millions de personnes handicapées, 20 000 enfants handicapés ne seraient pas scolarisés.